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même parmi les plus pressés, n’a envie de prendre la succession de M. Combes avant qu’il ait terminé la besogne répugnante dont il s’est si volontiers chargé. N’a-t-il pas dit qu’il était venu pour appliquer la loi sur les associations ? On le laisse faire, mais il tarde à tout le monde qu’il ait fini. Le bloc, en effet, se désagrège. Les ministres eux-mêmes ne sont pas toujours d’accord entre eux. La majorité de la Chambre est de mauvaise humeur et s’impatiente. Les votes parlementaires ne se ressentent pas encore matériellement de cet état d’esprit : il semble toutefois qu’autre chose se prépare, qui ne vaudra peut-être pas beaucoup mieux que ce que nous avons, mais qui, en tout cas, ne peut pas valoir moins. On commence à trouver que le ministère dans son ensemble manque de prestige : celui de quelques-uns de ses membres n’a pas gagné en éclat depuis quelques jours. Ce sont les congrégations qui, sans le vouloir, le soutiennent. Quand sera terminé l’holocauste qui se prépare, et dont le dépôt du rapport de M. Rabier semble donner le signal, c’en sera bientôt fait de M. Combes : on ne lui saura même aucun gré de ses services.


Des événemens importans, bien qu’il soit encore difficile d’en déterminer la portée et d’en distinguer les suites, se sont passés en Orient depuis le 15 février. Nous disions alors que, si le prince Ferdinand de Bulgarie voulait sérieusement en finir avec les comités macédoniens, les moyens ne lui manqueraient pas pour cela, et que. si une influence suffisamment énergique s’exerçait sur lui, la volonté lui en viendrait. L’influence à laquelle nous faisions allusion s’est exercée à Sofia, et le prince a pris subitement un certain nombre de résolutions destinées à étouffer l’agitation révolutionnaire. D’autre part, la Russie et l’Autriche ont rédigé un programme de réformes à introduire en Macédoine, et l’ont soumis au Sultan avec l’adhésion et l’appui des autres grandes puissances. Enfin Abdul-Hamid n’a pas mis plus de vingt-quatre heures à accepter le programme, et s’est déclaré prêt à l’appliquer. Il propose même de l’appliquer à toute la partie orientale de son empire. Ce sont là beaucoup plus de choses qu’il ne s’en passe d’ordinaire en quinze jours, surtout en Orient. Il serait, néanmoins, téméraire de dire que tout est fini, que le danger est conjuré et que les nuages obscurs qui s’amoncelaient sur la Macédoine sont définitivement dissipés.

Le prince Ferdinand a agi avec rapidité et fermeté. On a appris un matin qu’il avait fait arrêter les principaux chefs des comités macédoniens en Bulgarie, entre autres Michaïlowski et le général Zontchef.