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ressembler, non pas même à une guerre véritable, mais à un conflit, les porte à conseiller toutes les concessions ; et, pour être plus sûrs de les imposer, ils s’appliquent à désarmer le pays en brisant entre ses mains l’instrument militaire qui assure sa sécurité, Mais pour les Arméniens, mais pour les Macédoniens, on ne saurait trop faire à leur gré ! La France a de grandes et de nobles traditions qu’ils rappellent éloquemment ; elle est, elle doit rester la protectrice des faibles ; soit ; mais pour protéger les faibles, la première condition est d’être très fort soi-même, et les socialistes ne travaillent qu’à nous affaiblir. Ils nous promettent, à la vérité, l’avènement prochain d’une société régénérée où le droit triomphera par la seule force des discours : en attendant, un discours, même éloquent, est bien peu de chose au milieu de l’Europe, armée jusqu’aux dents, et si M. Jaurès ne se trompe pas sur l’avenir, ce dont il nous permettra de douter, nous sommes parfaitement sûrs de ne pas nous tromper sur le présent. La terre promise est encore bien loin !

Revenons aux réformes du programme austro-russe. La note les présente, et elles sont en effet un simple complément des règlemens antérieurement arrêtés. Le Sultan, au mois de novembre dernier, a pris un iradé dans lequel il a promis quelques réformes, en chargeant un inspecteur général de veiller à leur exécution. Partant de là, les deux gouvernemens se sont appliqués à innover le moins possible, ce qui serait fort bien s’ils avaient assuré d’une manière plus ferme et plus sûre la réalisation des réformes.

La principale garantie qu’ils en demandent est dans la fixation préalable de la durée des pouvoirs de l’inspecteur général, qui ressemblera plutôt, et cela est heureux, à un gouverneur général des trois vilayets macédoniens. Mais on ne dit pas quelle sera cette durée, et c’est un point à préciser. L’inspecteur général « aura la faculté de se servir, si le maintien de l’ordre public le rend nécessaire, des troupes ottomanes, sans avoir chaque fois recours au gouvernement central, et les valis seront tenus de se conformer strictement à ses instructions. » Ces dispositions méritent d’être approuvées. La gendarmerie se composera de chrétiens et de musulmans dans une proportion analogue à celle des populations : encore un bon principe, mais il avait déjà été posé et il faudrait surtout veiller à son exacte application. Les gardes champêtres seront chrétiens là où la majorité de la population est chrétienne : c’est fort bien. Enfin la police et la gendarmerie seront réorganisées avec le concours de spécialistes étrangers. Passons aux mesures de l’ordre financier. « Pour assurer le