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qui ont été demandées au Sultan et que celui-ci s’est engagé à faire ; elle assure, — garantie un peu vague sans doute, — que, sous la surveillance des ambassadeurs à Constantinople, les consuls européens exerceront une active surveillance sur l’exécution de ces promesses ; enfin, elle se termine par les déclarations suivantes, que le comte Lamsdorf a certainement faites à Belgrade et à Sofia et qui expliquent l’attitude du prince Ferdinand, mais auxquelles le gouvernement russe a jugé à propos de donner aujourd’hui une plus grande publicité : « En informant les représentans et les agens russes dans la péninsule balkanique des résultats actuellement obtenus pour l’amélioration du sort de la population chrétienne de Turquie, le gouvernement impérial a jugé nécessaire de confirmer à nouveau, afin d’en étendre la connaissance le plus possible parmi les populations slaves, les principes fondamentaux dont il s’inspire en cette circonstance. Appelés à une existence indépendante au prix de sacrifices incalculables faits par la Russie, les États balkaniques peuvent compter avec une pleine assurance sur la sollicitude constante du gouvernement impérial pour leurs besoins réels, et sur sa puissante protection pour les nécessités vitales et les intérêts moraux des populations chrétiennes de la Turquie. Cependant ils ne doivent pas perdre de vue que la Russie ne sacrifierait ni une goutte du sang de ses fils, ni la plus petite parcelle de l’avoir du peuple russe, si les États slaves, malgré les conseils de sagesse qui leur ont été donnés d’avance, cherchaient à porter atteinte, par des moyens violens et révolutionnaires, à l’ordre de choses établi dans la péninsule des Balkans. »

C’est là un avertissement qu’on n’accusera pas de manquer de netteté. Les États slaves des Balkans sont avertis que, s’il leur plaisait de s’aventurer dans quelque entreprise militaire, ils le feraient à leurs risques et périls, et ne devraient compter sur le concours de la Russie, ni en hommes ni en argent. La Russie, qui a déjà fait des « sacrifices incalculables, » ne paraît pas disposée à les renouveler. Or, comme aucun des États balkaniques n’est capable de lutter sans son concours contre l’armée ottomane, et qu’il est même fort douteux qu’ils puissent le faire en se coalisant les uns avec les autres, ils n’ont pour ce moment qu’à se tenir tranquilles. La Russie regarde les réformes que, d’accord avec l’Autriche et de concert avec les grandes puissances, elle a fait accepter par le Sultan, comme un progrès considérable et pour le moment suffisant. Elle promet de veiller à leur exécution. Que veut-on de plus ?

Encore une fois, nous souhaitons que ces promesses soient suivies