Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/592

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

électriques, dont le poids, lorsque les voyageurs y sont au complet, atteint 19 000 kilos. Sur la plate-forme d’avant sont placés la chaudière et son foyer, alimenté par du coke, qui descend automatiquement d’une trémie placée sur le côté ; sous les banquettes d’intérieur sont les réservoirs d’eau, dont les 500 litres suffisent pour la journée ; sur le toit de l’impériale se trouve le condenseur, où la vapeur, après avoir fait son effort, retourne se transformer en liquide. Quant aux appareils moteurs, ils sont logés sous le truck.

Ce n’était pas tout de dissimuler, en les répartissant de-ci, delà, les organes et les provisions qui représentent, en miniature, une locomotive et son tender ; il fallait que le tout manœuvrât sans tapage. Sous les pieds des voyageurs opère le « Silencieux, » chargé de faire taire la vapeur. C’est un gros cylindre en tôle, à l’intérieur duquel elle arrive, « chicanée, » disent les techniciens, par de petits trous percés dans le tuyau d’échappement. Elle s’y met à l’aise et se rend par-là sans bruit à la cheminée. Le générateur tabulaire est garni d’une enveloppe d’amiante, qui protège le public contre la chaleur. Debout à côté de lui, le machiniste a sous sa main le levier d’une petite pompe alimentaire, les manettes à secteur denté qui commandent le changement de marche, le régulateur d’admission de vapeur, les freins à air, et son pied repose sur la pédale de sa corne d’appel. Au lieu de coke, certaines automotrices brûlent des huiles lourdes de pétrole ou de goudron, qui, sous un faible volume, possèdent une grande puissance calorifique. Elles évitent ainsi le rechargement fréquent du combustible, comme elles arrivent, grâce au condenseur, à ne presque pas renouveler leur eau.

Moins simple est le moteur à air comprimé, en usage sur les lignes d’Auteuil-Madeleine et de Montrouge-Gare de l’Est. Chaque voiture porte sous son plancher huit « bouteilles, » ou viroles étirées, contenant ensemble 240 kilos d’air. Cet air, livré à lui-même dans l’atmosphère, occuperait, à raison de 1gr, 3c par litre, un cube de 185 mètres ; c’est-à-dire qu’il remplirait une salle de 10 mètres sur 5, ayant 3m, 70 de hauteur. Ici, sous une pression de 80 kilos par centimètre carré, il se réduit à un volume presque insignifiant.

Avant d’être distribué aux cylindres moteurs, il pénètre dans une bouillotte, pleine d’eau surchauffée où il « barbote, » et dont la haute température multiplie encore sa propre puissance.