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Et comme, parvenu à ce paroxysme d’énergie, il serait trop violent et briserait tout au lieu de travailler avec sagesse, on l’admet graduellement à la liberté dans un appareil intermédiaire, le « détendeur. » Il commence à s’y dilater, et en sort à une pression quatre ou cinq fois moindre (15 ou 20 kilos), qui varie au gré du machiniste, suivant que le terrain est droit ou qu’il faut gravir une côte. Le même air comprimé, qui, lorsqu’on l’envoie actionner les rouages, fait marcher la voiture, lui sert aussi à s’arrêter, si l’on ouvre le robinet, qui bloque les freins en un clin d’œil.

Les cinquante chevaux de force, nécessaires à l’automotrice et à la voiture attelée à sa suite, pendant une partie de la journée, correspondent, pour un voyage aller et retour, à une quantité d’air et d’eau chaude qu’elle ne pouvait, au début de ce mode de traction, emporter avec elle. Il avait fallu installer sous la voie publique des conduites d’air et de vapeur, qui, d’une usine éloignée, aboutissaient à des bornes de chargement, où les machines puisaient en cours de route. Ce système dispendieux offrait de graves inconvéniens et entraînait des arrêts, qui augmentaient notablement la durée du parcours. Aujourd’hui, la compression plus grande de l’air permet d’en transporter suffisamment, et un petit thermo-siphon, chauffé au coke, maintient l’eau de la bouillotte au degré convenable d’ébullition.


II

Toutefois l’air comprimé, comme la vapeur, demeure une force onéreuse pour des véhicules isolés. Ils n’offrent d’avantages appréciables que lorsqu’on veut former des trains, dont le service est en contradiction flagrante avec l’idéal des tramways qui doivent se suivre à de courts intervalles. L’avenir et même, déjà, le présent, appartiennent à la traction électrique, puisque presque toutes les lignes actuellement exploitées, dans les départemens français et surtout à l’étranger, ne pratiquent pas d’autre système, et que celles où l’on avait d’abord essayé des moteurs différens y renoncent peu à peu pour adopter celui-ci.

Mais il est plusieurs manières d’employer l’électricité ; les unes sont bonnes, belles et chères : caniveaux souterrains ; les autres sont laides, excellentes et bon marché : trolleys aériens ; il