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promeneur ou l’homme d’affaires, et que son prix très minime le rende accessible, plusieurs fois par jour, à la classe populeuse, la « seconde classe, » sans l’obliger à endurer le froid ou la pluie, comme sur l’impériale des omnibus. Il faut pour cela qu’au lieu de calculer minutieusement ce que coûtera et rapportera séparément chaque véhicule, avant de se décider à le mettre en route, comme les anciennes « pataches » qui prétendaient toujours partir au complet, les compagnies aient avantage à multiplier l’activité de leurs voitures pour rentrer dans leurs débours initiaux, et dans les frais invariables de leur trafic.

On pourrait presque dire sans paradoxe qu’avec le système électrique un réseau n’est vraiment bien exploité que lorsqu’il y a peu de inonde dans les tramways. Et, en effet, c’est ce qui arrive très souvent ; les statistiques de ces dernières années le prouvent. L’exploitant, dont l’intérêt ici est intimement lié à celui des voyageurs, force la circulation autant qu’il peut, parce que ses dépenses supplémentaires, étant très faibles, sont aisément dépassées par ses recettes supplémentaires.

Tel est le but poursuivi par nombre de Sociétés actuelles, par la ligne Etoile-Montparnasse entre autres, qui peut être proposée pour modèle : la deuxième classe, à 0 fr.15, ne diffère de la première que par la couleur des banquettes. L’entrée et la sortie des voyageurs s’y font avec rapidité, grâce à la suppression de l’impériale, toujours plus lente à se remplir et à se vider que l’intérieur. Les vieux cadrans à sonnerie et le contrôle qu’ils exigeaient ont été remplacés par des tickets délivrés à chaque personne contre le paiement de sa place, procédé qui garantit pleinement la sincérité de la recette, puisqu’il est aujourd’hui en usage à peu près dans tout l’univers civilisé.

Par ces deux améliorations les arrêts aux bureaux sont devenus plus courts. Il en résulte une grande économie de temps et la même voiture fait plus de courses dans sa journée. Les départs se succèdent à deux minutes d’intervalle et, les plates-formes étant plus vastes, le tramway peut contenir plus de monde. Il est résulté de ces progrès un accroissement inouï de clientèle sur cette ligne qui, de médiocre, est devenue fructueuse, bien qu’elle desserve des quartiers assez éloignés du centre et où les trottoirs, souvent, semblent déserts.

Seulement rétablissement du caniveau souterrain, auquel ces tramways empruntent leur force, est très coûteux. Il revient à