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cette dernière pourrait en effet, si elle croissait en raison de la chute du prix, ralentir cette chute et lui offrir une résistance d’autant plus forte que la tendance s’accentuerait. D’après les travaux du directeur de la Monnaie à Washington, les emplois industriels de l’argent auraient, en 1900, absorbé un peu moins du quart de la production totale, 1 277 147 kilogrammes sur 5 377 008. Ce débouché pourrait acquérir plus d’importance dans notre pays, s’il se décidait à réduire dans une proportion notable le droit énorme de 20 francs par kilogramme, c’est-à-dire d’environ 25 pour 100 sur la valeur actuelle, que perçoit l’Etat, pour droit de poinçonnage. En dépit de cette entrave, en dépit aussi de l’obstination avec laquelle les fabricans persistent à maintenir pour l’argenterie des prix de vente peu en rapport avec les cours du métal, les emplois industriels de celui-ci ont à peu près doublé en France depuis trente ans, et absorbent 134 000 kilogrammes en 1900 contre 68 000 en 1868.

Les statisticiens ont essayé, à maintes reprises, de déterminer le prix de revient de l’argent, c’est-à-dire ce que coûte à produire l’once ou le kilogramme. Cette recherche, très délicate pour tous les métaux, parce qu’il y a pour ainsi dire autant de prix de revient différais qu’il y a de sièges d’extraction, est impossible pour l’argent : en effet, ce métal non seulement est extrait de minerais ne contenant pas d’autre métal, mais se rencontre dans un grand nombre de cas à l’état composite, associé à des substances telles que l’or, le cuivre, le zinc, le plomb. C’est ainsi que la célèbre mine de cuivre de l’Anaconda, qui est la première productrice du monde pour le métal rouge, dont elle a fourni jusqu’à 60 000 tonnes en une année, a été, à une certaine époque, la seconde parmi les mines d’argent. Comment, dès lors, établir ce que coûte à produire chacune des onces d’argent que l’Anaconda met en vente ? Si tous les frais de la mine et des usines sont imputés à l’extraction et à la fabrication du cuivre, tandis que l’argent ne supporte que ceux du raffinage au moyen duquel on l’extrait du lingot sorti de la fusion, ce dernier ne coûtera presque rien et sa valeur représentera presque en totalité un bénéfice net pour l’entreprise. Au contraire, si cette valeur est portée en déduction du prix coûtant du cuivre, qui, au-dessous d’un certain cours, ne pourrait pas être produit avec profil, ou ne parviendra à évaluer le prix de revient de l’argent qu’en se livrant à des calculs compliqués : on manque de base