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contribution de répartition, tantôt celle d’un impôt de quotité.

Ce rapide exposé des différens systèmes d’impôts indigènes de l’Algérie permet de reconnaître combien est variable, suivant les régions, la part d’influence exercée par les fonctionnaires chargés de les asseoir. Dans la région arabe, leur rôle serait prépondérant s’ils pouvaient procéder plus fréquemment à la vérification sur le terrain des bases de cotisations déclarées par le cheick ou le caïd, mais ils sont trop souvent contraints, par la multiplicité même de leurs travaux, de restreindre le nombre de ces investigations. De là, de grandes chances d’erreurs et d’omissions très préjudiciables aux intérêts fiscaux. Dans la Kabylie, où la lezma est de quotité, ils doivent s’efforcer de connaître la situation individuelle de chaque contribuable, afin de s’assurer qu’on ne l’a pas classé dans une catégorie inférieure à celle où il doit équitablement figurer. Ce serait là une besogne considérable, car il ne faudrait rien moins que posséder une sorte d’inventaire des biens de chaque indigène, pour être en mesure d’apprécier les bases d’impositions. Cependant, les mœurs locales apportent à ces inconvéniens un correctif très appréciable ; les délations entre indigènes sont très fréquentes ; et si peu moral que soit le procédé, les haines et les rancunes locales rectifient dans une certaine mesure les vices du travail des djemas. Enfin, dans la partie de la Kabylie où l’impôt est de répartition, l’agent du fisc n’a plus à jouer qu’un rôle très secondaire, son intervention se bornant à la constatation des faits qui pourraient amener une augmentation du contingent de chaque douar, et, subsidiairement, à l’indication aux djemas des injustices trop flagrantes dont elles se rendraient coupables dans la répartition. Ici, particulièrement, les indigènes ont le plus grand intérêt à l’informer de toutes les causes qui peuvent agir sur la répartition individuelle.

Il n’est pas douteux que le système de la lezma de répartition présente à tous égards les plus grands avantages ; il assure au Trésor colonial un revenu d’une grande fixité ; il diminue la possibilité et la gravité des erreurs, par le fait d’une répartition la plupart du temps contradictoire ; enfin il laisse aux autorités indigènes une part d’action plus étendue sans que ce fait présente le moindre danger. Toutes ces raisons auraient dû, depuis longtemps décider l’administration algérienne à généraliser le plus possible le système de la répartition dans la Kabylie, car c’est