Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/888

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

augmenter son autorité sur l’assemblée, elle engage inutilement la responsabilité de l’administration française.

Les communes de plein exercice sont presque entièrement analogues à nos communes françaises sous le rapport de l’administration, bien qu’elles en différent souvent beaucoup par l’étendue et la composition de la population. Voici par exemple, d’après le recensement de 1896, des communes appartenant aux trois départemens :


Communes Population européenne Population indigène Superricie
Habitans Habitans Hectares
Tafaraoui 683 5 605 19 795
Condé-Smendon 322 11 992 27 000
Oued Zénati 814 11 567 66 708
Tizi-Ouzou 1 476 25 990 20 125
Bordj-menaïel 782 11 795 17 435

En jetant un simple coup d’œil sur ces chiffres on remarque immédiatement la superficie considérable de certaines de ces communes, presque aussi étendues que des arrondissemens français, et l’énorme disproportion qui existe entre la population européenne et la population indigène.

Il existe un peu plus de 250 communes de plein exercice dans toute l’Algérie, et le gouvernement général est sollicité de bien des côtés pour en créer d’autres. C’est qu’à vrai dire, la création d’une de ces communes fait parmi les colons un grand nombre d’heureux, à cause des fonctions rétribuées qu’elle met en leurs mains et de l’importance que beaucoup d’entre eux croient se donner en faisant partie d’un conseil municipal. La moindre commune dépense en effet une somme importante pour les traitemens ; indépendamment du maire, de l’appariteur, du gérant du bureau télégraphique, etc., dans des communes qui comptent à peine 2 ou 300 Européens, on trouve un jardinier municipal et un gardien de square, payés plus de 100 francs par mois pour entretenir une vingtaine d’arbres grillés qui font le plus bel ornement de la place du village. Dans une commune mixte au contraire, le nombre des fonctionnaires est restreint, et d’ailleurs leur nomination ne dépend pas des colons, mais bien de l’administration. On comprend dès lors tout l’intérêt que les colons peuvent avoir à faire créer des communes de plein exercice. Il n’est pas démontré qu’en agissant ainsi, on ne lâche pas la proie pour l’ombre. Au point de vue de la sécurité