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parcourir régulièrement (Inique année un certain nombre des centres et douars de sa circonscription. Un calcul très simple permet de reconnaître que ces modifications amèneraient des économies assez importantes si on les combinait avec des remaniemens dans les circonscriptions des communes mixtes.

Tels seraient, au point de vue administratif et budgétaire, les avantages d’une réforme facile à opérer, mais ce n’est là qu’un des côtés, le moindre certainement, de la question. Pour qui connaît l’Algérie, l’une des plaies les plus considérables de l’administration générale est sans contredit la rivalité des trois départemens, dont les représentans au Conseil supérieur suivent la politique des enfans gâtés. Dès que l’un d’eux a reçu un gâteau, il faut en donner aux deux autres sous peine d’être assourdi par des cris de fureur et des récriminations insensées. Le rôle du gouvernement général serait de mettre le holà et de faire entendre la voix de la raison ; mais il a depuis longtemps pris le parti de ne pas se créer de difficultés, c’est un précepteur débonnaire qui ne hausse même plus la voix et achète sa tranquillité en comblant ses élèves de sucreries. C’est ainsi que le budget a été trop souvent mis au pillage au grand détriment de l’intérêt général de la colonie. Il est bien difficile, d’ailleurs, qu’il en soit autrement, car, on ne saurait trop le répéter, l’autorité du gouvernement n’est pas suffisante quand elle se trouve en présence des intérêts réels ou supposés d’un groupement qui représente le tiers de la colonie ; tout en conservant la notion des intérêts généraux, il est contraint trop souvent à les faire céder devant l’intérêt particulier. Il en serait tout autrement si le territoire était divisé en huit ou dix grandes circonscriptions déterminées tantôt par la configuration du sol, tantôt par la race des habitans. Leurs besoins seraient variés suivant les régions et le gouvernement général aurait plus de force de résistance vis-à-vis de chacun d’eux[1].

Ce qui a été dit de l’insuffisance des bureaux des préfectures s’applique dans une certaine mesure à ceux du gouvernement général ; on y retrouve souvent les mêmes traditions de lenteur

  1. Cette solution présente ce caractère fort intéressant de rapprocher l’autorité des populations tout en diminuant le nombre des fonctionnaires. Pour arriver à simplifier notre organisation dans la métropole, il faudrait au contraire procéder par voie d’agrandissement des circonscriptions départementales. Vérité au-delà de la Méditerranée, erreur en deçà.