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XI

En effet, parmi les 15 vaisseaux français qui, sans compter les bâtimens de moindre importance, se trouvaient dans la rivière de Vigo le jour du combat, neuf seulement, portant ensemble 540 bouches à feu, purent être brûlés[1] ou coulèrent et, sur les dix-sept galions, dont se composait la flotte du Mexique, il n’y en eut que six anéantis par l’incendie[2].

Toutefois les Anglo-Hollandais ne recueillirent, en matériel naval, qu’un faible profit de ces prises. Ils durent abandonner plusieurs des galions jugés hors d’état de reprendre la mer, et le nombre de 3 vaisseaux capturés par eux restait inférieur à celui des 7 bâtimens de guerre qu’ils perdirent durant l’action[3].

Quant à la valeur exacte des objets de commerce tombés en leurs mains, aucun document précis ne nous permet de la fixer. Mais si l’on observe que, à l’exception de l’or et de l’argent contenus dans des caisses spéciales portées à Lugo dès les premiers jours, la plupart des autres effets, renfermant souvent en fraude des espèces métalliques, étaient encore sur les galions ou dans les entrepôts de Redondela ; si l’on tient compte ensuite de la presque nullité des effets destructifs de l’incendie sur ces navires et des facilités que présentait le pillage de cette ville, il est aisé d’en déduire que la valeur de tous ces objets atteignait un chiffre considérable.

Une lettre de Renau justifie cette appréciation. « Il est bien à craindre, écrit-il à Pontchartrain presque au lendemain du désastre, que ces gens-là n’aient fait un grand butin dans les navires de la flotte, malgré tout ce que j’ai pu dire, pour les obliger à débarquer toute la cochenille et toutes les marchandises précieuses[4]. » Château-Renault semble partager cette opinion quand, six semaines plus tard, il écrit au même ministre : « Il est malaisé de savoir combien il y avait dans les vaisseaux, d’argent qui n’était pas enregistré. On a fait

  1. Il n’y en eut que cinq absolument brûlés.
  2. Sur les onze galions tombés aux mains de l’ennemi, neuf étaient restés à flot et deux échoués sur le sable. — Mémoires de Lamberty, t. II, p. 252.
  3. Mémoires du marquis de Sourches, t. II, p. 399.
  4. Renau à Pontchartrain, 31 octobre 1702. — Archives de la Marine.