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souci des questions agricoles. Celle du reboisement est trop intimement liée au régime des eaux, dont dépend toute l’économie agricole de l’Algérie, pour que les pouvoirs publics ne s’en préoccupent pas ; on a déjà trop attendu pour le faire.

L’administration s’est plus intéressée dans ces derniers temps à la question des hauts plateaux qu’à celle du Tell. Elle a publié des monographies sur l’élevage du bétail, et, malgré le luxe exagéré de ces publications, il y a là une louable expérience, qui devrait être poursuivie en matière géologique, minéralogique, forestière et viticole. Ce ne sont pas les élémens qui font défaut, toutes ces questions ont déjà été abordées par des spécialistes souvent très distingués ; il faudrait coordonner tous ces travaux, les dépouiller des formes techniques parfois rebutantes, et en encourager la diffusion, ce qu’on ne peut obtenir qu’en sacrifiant le luxe à l’utilité pratique. Pour en revenir aux hauts plateaux, ils peuvent être dans l’avenir la source d’une richesse considérable pour le pays. On estime à environ 11 millions de têtes le nombre des moutons qui y pâturent, et ce chiffre serait facilement doublé si des Européens voulaient faire les dépenses nécessaires, ou si les indigènes le pouvaient. C’est là une excellente spéculation, qui, bien conduite, peut rapporter 20 à 30 pour 100 du capital. Si l’espèce ovine, en même temps qu’elle s’améliorerait par de bons croisemens, arrivait à compter un nombre de têtes double de celui qui existe actuellement, l’Algérie se trouverait en mesure de suffire à la consommation de la France et même d’exporter à l’étranger.

En même temps qu’on peut chercher à améliorer le bétail par de judicieux croisemens, il serait urgent de veiller à la conservation des sources indispensables à l’élevage. Les points d’eau sont rares sur les hauts plateaux et les sources mal utilisées ; quelquefois même, elles diminuent ou disparaissent. Le premier souci de l’administration devrait être de faire planter autour de chacune d’elles un bouquet d’arbres pour l’abriter contre les rayons solaires, de l’entourer de solides barrières afin d’en interdire l’accès aux animaux et d’empêcher les eaux de se perdre dans la boue ou de se corrompre ; recueillies ensuite dans des bassins, elles serviraient à l’alimentation des hommes ou des animaux. Des travaux de ce genre, faits très simplement et avec les matériaux du pays, seraient peu coûteux ; ils pourraient être imposés aux communes mixtes, qui toutes ont des ressources largement