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rencontre la construction des routes en Algérie : défaut de stabilité du sol, qualité inférieure des matériaux, longues périodes de sécheresse dégradant les chaussées tout autant que les pluies torrentielles qui tombent à certains momens de l’année ; mais ces circonstances ne sauraient arrêter le développement des voies de communication. Sauf autour des villes, dans certaines parties de la province d’Alger et surtout dans celle de Constantine, la viabilité est mauvaise ; une grande portion des deux Kabylie n’est desservie que par des chemins muletiers. Ainsi, faute de crédits suffisans, l’Etat ne construit pas de routes pendant que les départemens et communes qui disposent de budgets bien pourvus, n’en ouvrent qu’une quantité insignifiante. Le système est donc mauvais dans son ensemble ; si on entre dans le détail, on le trouve encore pire. S’agit-il de construire ? On fixe en effet souvent une largeur exagérée comparativement à la circulation. Quant au tracé, il est parfois déplorable, car on a dû, pour l’établir, tenir compte de raisons qui n’ont rien de technique.

Si l’on se reporte à toutes les études commencées et aux brochures publiées dans ces dernières années, peu de questions ont été autant agitées que celle des voies ferrées, et cependant rien ou presque rien n’a été fait dans cet ordre d’idées. On peut diviser les chemins de fer algériens en trois catégories : le grand réseau et les lignes stratégiques, les chemins de fer agricoles, et les voies de pénétration dans le Sud.

Le grand réseau est aujourd’hui à peu près terminé ; mais, au point de vue stratégique, il reste encore à entreprendre quelques travaux qui seront indiqués plus loin.

Les chemins de fer agricoles, ou d’intérêt local, n’existent pour ainsi dire pas ; cependant ils seraient indispensables pour la mise en valeur des hauts plateaux, de la Kabylie et des contrées vinicoles de la région d’Oran. Ce qui a surtout retardé l’exécution de ces voies ferrées, ce sont à la fois les rivalités locales dont on n’a pas su triompher, et le souvenir des sommes exorbitantes absorbées par la construction des premiers chemins de fer[1].

  1. En montagne, le kilomètre de voie large a atteint les prix de 344 000 francs entre Ménerville et Tizi-Ouzou, et de 439 000 francs entre Duvivier et Ghardimaou. De Sétif à Ménerville, dans une région beaucoup moins difficile, où la voie traverse des terrains plats sur les deux tiers environ de sa longueur, le kilomètre n’a pas coûté moins de 298 000 francs.