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douzaine d’années, que des crédits avaient été votés pour l’exécution rapide d’un tronçon de voie ferrée au sud de la province d’Oran, en vue de rapprocher de Figuig le point terminus de nos voies ferrées ; on voulait ainsi garantir la sécurité du Sud algérien en permettant de jeter facilement des troupes sur cette oasis, qui est un repaire de brigands et un refuge assuré pour tous les insurgés ou les adversaires de notre domination. Avec quelle lenteur et dans quelles conditions défectueuses l’œuvre a été poursuivie, tous ceux qu’intéressent les choses d’Algérie le savent, mais, quoi qu’on puisse penser de ce passé regrettable, il n’est plus permis, depuis que nous occupons Igli, de reculer et il faut se résigner à construire sans retard les 300 kilomètres de voie ferrée qui séparent cette oasis du point terminus actuel. De cette mesure dépend notre domination dans le Touat, le Tidikelt et le Gourara, car la construction de la voie ferrée et l’occupation solide d’Igli sépareront complètement ces régions du Maroc, et y établiront d’une manière définitive notre suprématie jusqu’ici trop peu respectée. En quelques années, les frais de construction seront grandement atténués par la diminution des dépenses considérables qu’entraînerait le ravitaillement des postes du Sud, et, d’ailleurs, une politique habile, en détournant sur Igli les caravanes qui viennent actuellement à Géryville, donnerait à la voie ferrée un élément de trafic d’une certaine importance.

Dans la province de Constantine, des considérations analogues plaident en faveur de la construction d’une ligne à voie étroite entre Biskra et Ouargla, amorce du transsaharien. C’est en effet, si cette ligne doit être construite, sur le Tchad et non sur Tombouctou qu’il faut la diriger, car, poussée vers cette ville, elle serait sans utilité pour notre colonie du Soudan, qui, dans quelques années, communiquera facilement avec le Sénégal par une ligne non interrompue, tantôt ferrée, tantôt fluviale. L’objectif capital de notre action dans ces régions doit être de neutraliser le plus possible l’importance de la Tripolitaine, et on ne saurait y songer si l’on ne tient à sa discrétion Ghadamès et Ghat ; or, ces places seraient toutes deux à une assez faible distance du transsaharien, parti du Sud de la province de Constantine. Il est donc pour nous d’une importance primordiale de faire passer notre voie de pénétration à proximité de ces points stratégiques et d’atteindre le Tchad par l’Aïr, seul groupe d’oasis