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LA
JEUNESSE DE DEUX IDÉALISTES

SIGISMOND KRASINSKI ET HENRY REEVE[1]

J’ai eu plus d’une fois l’occasion de déplorer l’oubli dans lequel on laissait la littérature polonaise. Le bruit qui s’est fait autour de Quo vadis ? contribuera-t-il à rappeler l’attention sur elle ? Je ne sais. Si l’on se décidait sérieusement chez nous à étudier cette littérature trop négligée, on constaterait que Krasinski y tient une des premières places. Quelque grand qu’ait été son talent, il ne lui a point assuré chez nous le rang qu’il mériterait d’occuper parmi les maîtres de la poésie européenne. On sait vaguement son nom : on ne lit guère ses œuvres. Quelques délicats ont recherché la traduction de ses poèmes[2] et l’étude que M. Klaczko lui a consacrée autrefois dans la Revue des Deux Mondes[3]. Les hommes de ma génération se rappellent les pages ardentes que Laurent Pichat écrivit dans les Poètes de combat[4]. Les œuvres complètes du poète ont pourtant été publiées en français. Mais, durant bien des années, la littérature polonaise n’a guère eu la faveur du public.

Elle la mériterait pourtant en dépit de si nombreux ouvrages consacrés à des questions historiques, politiques, ethnographiques que le public français, même au temps de ses plus ardentes

  1. Correspondance de Sigismond Krasinski et de Henry Reeve, publiée par M. Kallenbach, 2 vol., gr. in-8 ; Ch. Delagrave.
  2. Voyez la Revue des 1er août et 1er octobre 1846 et du 1er novembre 1861.
  3. 1er Janvier 1862.
  4. Les Poètes de combat, 1 vol. in-8 ; Hetzel, 1862.