Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 15.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lectures, au cours d’histoire moderne : vous avez maintenant un nom à défendre ; il ne s’agit plus de conquérir, mais de conserver : c’est plus difficile.

Adieu, mon bien cher Prince ; j’écris à M. De Latour, je ne vous charge donc de rien pour lui, mais je vous recommande de lui montrer toujours les bonnes dispositions dont il se loue si fort dans sa lettre du 27 ; je vous en saurai gré comme d’une preuve de votre affection pour moi. Car M. De Latour me représente auprès de vous, et il me semble que je ressentirais bien vivement tous les griefs auxquels vous pourriez donner lieu en mon absence. Vous ne pouvez être répréhensible sans que je le devienne aussi ; j’ai fait une escapade sur la foi de votre honnêteté, de votre raison, et de vos bons sentimens ; c’est vous dire que je suis fort tranquille.

Ne m’oubliez pas auprès de M. Trognon ; faites en sorte que mes respects arrivent jusqu’à la Reine, et croyez, mon cher Prince, que je n’aime personne au monde plus que vous.


Pau, 14 septembre 1837.

Mon cher Prince,

Vous m’aviez promis une de vos dernières pièces de vers ; je ne l’ai pas reçue. Ce n’est sans doute pas votre faute, mais je n’en suis pas moins triste de ce désappointement. Vous me parlez de vos plaisirs auxquels je prends, je vous l’assure, un vif intérêt, car vous méritiez bien de vous amuser, après avoir si glorieusement fini votre année ; mais j’aimerais quelques mots sur vos études, si courtes soient-elles. J’aimerais à savoir, surtout, si vous faites quelques bonnes lectures : les vacances sont, naturellement, l’époque des lectures profitables. On peut, en six semaines, en n’y donnant que deux heures par jour, faire lecture de deux ou trois bons ouvrages ; et c’est un admirable lest pour les études de l’année suivante : ne l’oubliez pas. Attachez-vous surtout à lire de suite, et avec une attention sérieuse, et non pas en tenant votre livre au bout de vos yeux et de votre esprit ; je crains que vous n’apportiez à cet exercice un peu de mollesse, et je serais fâché que vous eussiez perdu une si bonne occasion de réformer, à cet égard, quelques habitudes défectueuses.

Remerciez Saint-Jean et de Calonne pour leurs aimables lettres. Vous recevrez par ce courrier un paquet dans lequel sont renfermés deux bérets du pays ; j’ai pensé qu’ils pourraient vous