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de son parti. C’est un homme de moyenne taille, qui paraît très décidé, d’une figure commune, parlant peu. Il nous a très gracieusement reçus.

Je reprendrai plus tard, mon cher Prince, cette causerie que j’ébauche aujourd’hui de toute la vitesse de ma plume, car je suis très pressé. Je veux, avant de quitter Pompadour, visiter l’établissement, qui est immense. Je vais monter sur de magnifiques étalons qu’on engraisse ici à grands frais, et qui sont les plus doux animaux du monde, malgré les soins, les caresses, les flatteries dont ils sont l’objet. Ma monture se nomme l’Asiatique ; c’est un cheval de huit ans, robe grise, d’une beauté admirable : un enfant le conduirait.

J’écrirai sur Pompadour (car vous savez que j’écris un peu sur tout) et vous verrez ce que c’est qu’un haras royal ; mais j’ajourne tout détail sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres.

Dites à M. De Latour que je n’ai pu lui écrire aujourd’hui, mais que je le remercie bien cordialement de ses deux lettres, l’une du 19, l’autre du 26. J’ai reçu toutes vos lettres adressées ici, 18, 19, 21, 24, 27 septembre, et je vous en remercie de tout mon cœur. Votre exactitude ma touché ; votre excellente conduite est aussi une preuve de l’excellence de vos sentimens pour moi. Je suis heureux qu’elle ait mérité les éloges du Roi ; je ne sais rien de plus flatteur pour vous et pour tout le monde. Ne m’écrivez plus, c’est à moi maintenant à aller chercher de vos nouvelles ; j’arriverai plus tôt qu’une lettre que je vous écrirais demain ; aussi est-ce la dernière que je vous adresse. Dites à M. De Latour qu’une page d’écriture serait bien froide pour le remercier de tous les services qu’il m’a rendus depuis un mois ; mais cette page même, le temps me manque pour l’écrire. Adieu, croyez à mon sincère et inaltérable attachement.


Tuileries, mercredi 19 septembre 1838.

Mon cher Prince,

Je vous envoie votre journal ; je voudrais pouvoir vous envoyer aussi facilement les quatre volumes de Mémoires que vous avez oubliés ici : c’est la première chose qui a frappé ma vue quand je suis rentré dans votre salle d’études, où votre souvenir n’avait pas besoin d’être ainsi rappelé[1]

  1. Pendant les vacances de 1838, M. le Duc d’Aumale était au château de Randan chez sa tante, Mme la princesse Adélaïde d’Orléans. La réponse du jeune prince au reproche de son précepteur a été publiée au tome II du Journal de Cuvillier-Fleury, p. 238. Elle y est inexactement datée du 21 mars : c’est septembre qu’il faut lire.