Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 15.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

N’oubliez pas, en causant avec eux, que le succès de votre esprit et de votre caractère profitera à votre famille ; vous êtes tous solidaires les uns des autres ; c’est ce qui ne permet à aucun de vous une indépendance absolue. Votre jeune frère, le Duc de Montpensier, comprendra cela plus tard, et je crois que votre exemple, en cela, le servira comme en toute chose.

Tout ce qui nous arrive d’Afrique sur votre compte témoigne de la bonne position que vous y avez prise ; votre conduite a touché la Reine jusqu’au fond du cœur ; et quant à moi, mon cher Prince, j’y vois la réalisation de ce que j’ai toujours attendu et promis de vous, quand j’ai été consulté sur vos tendances et votre avenir. Je suis assez heureux pour ne pas craindre jamais d’avoir été mauvais prophète…

Je vais adresser à vos anciens camarades une invitation à venir voir le feu d’artifice dans votre appartement des Tuileries ; le Duc de Montpensier dispose de votre chambre et de votre salon jaune ; nous aurons le reste. Notre souvenir fêtera votre absence, et vous serez le héros et l’amphitryon véritable de cette réunion… Portez-vous bien, et pensez à moi, quand les Arabes vous le permettront.


Vendredi 7 mai 1841.

Nous avons eu, mon cher Prince, bien des événemens ici depuis ma dernière lettre du 30 ; par bonheur, ils ont été du genre le plus pacifique ; nous avons eu la fête du Roi, le baptême du Comte de Paris, la revue des tirailleurs et enfin le concert monstre. Tout s’est fort bien passé, et la Reine vous enverra probablement, sur chaque chose, de fort longs détails, dont je vous épargne la redite.

Le concert a été, en dépit des pronostics contraires, une fort belle solennité, plus artistique que musicale, mais c’est ce qu’il fallait. La revue des tirailleurs a eu, aussi, beaucoup d’effet ; tout l’honneur en revient à votre arme de prédilection, à l’infanterie, qui a mis là une partie de son élite ; mais Mgr le Duc d’Orléans en a tiré un grand parti ; aussi montre-t-il à cette troupe une affection presque paternelle. Il a un esprit trop éclairé pour permettre qu’elle devienne exclusive. J’ai fait à vos anciens professeurs et à vos camarades les honneurs de votre appartement, le 2 mai, pendant le feu d’artifice. Je n’ai pas besoin de vous dire, mon cher Prince, que votre souvenir et votre nom