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Une note explique, en effet, que douze heures, onze heures, dix heures, représentent ici le temps de séjour dans l’usine, mais que la journée de travail effectif est toujours, dans tous les ateliers, pour tous les ouvriers, de dix heures seulement. Plutôt qu’à une différence dans le temps de travail, la différence des chiffres correspond à une différence dans le mode du repos ou du repas, que le personnel, inscrit au tableau pour dix heures, est libre d’aller prendre au dehors, tandis que le reste doit le prendre sur place, à l’usine même ; et cette différence, cette inégalité de traitement est commandée par les conditions du travail.

Les ouvriers astreints à douze heures de présence consécutive sont ceux qui opèrent avec la collaboration incessante du feu, aux aciéries, au puddlage, au laminage, aux bandages, et qui sont de ce fait obligés de prendre son heure, l’heure du feu, et non pas la leur. C’est le métal, et non leur dîner, que le four, de la gueule duquel ils ne peuvent s’éloigner, leur sert quand il est à point. Il faut qu’ils soient là pour le recueillir et l’ouvrer au moment précis où il est le plus favorablement ouvrable. Mais ni leurs douze heures de présence, ni même leurs dix heures de travail effectif ne sont d’ailleurs, — au moins ne sont pas pour eux tous, — des heures de travail continu.

Le tableau, très complet, de l’organisation du travail dans l’usine B le montre avec une clarté parfaite. Pour les fondeurs et les aides-fondeurs du haut fourneau, la journée est de douze heures, douze heures de présence, repos et repas entre les coulées ; de douze heures aussi pour les peseurs, chargeurs, routeurs, repos et repas entre les charges. Au puddlage, repos aussi entre les charges pour les puddleurs et aides-puddleurs, dont la journée est de huit heures, comme pour les troisièmes aides, les cingleurs, les pilonniers, les traîneurs et balayeurs, qui, eux, ont la journée de douze heures. Aux aciéries Martin, les fondeurs, aides-fondeurs, chauffeurs, aides-chauffeurs, chargeurs et rouleurs, aides-chargeurs, gaziers, couleurs et aides-couleurs font douze heures, avec repos entre les charges ou coulées. A la tréfilerie, les chauffeurs et aides-chauffeurs du train-machine, le lamineur, les dégrossisseurs, les doubleurs, les démêleurs, les porteurs et tourniqueurs, les empileurs de machine figurent pour dix heures ; repos entre les charges. Les douze heures des fondeurs, arracheurs, démouleurs, gaziers de l’aciérie à creusets et de la cémentation s’interrompent de repos