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la loi du 1er juillet 1901 leur ont ordonné de rejoindre leur diocèse d’origine et de se mettre à la. disposition de leur évoque : s’ils l’ont fait, qu’a-t-on à leur demander de plus ? Est-ce que M. Combes pourrait, par simple circulaire, leur défendre de dire la messe ? Il ne peut pas davantage leur défendre de prêcher : en le faisant, il empiète sur le droit des curés. Nous n’avons pas à discuter ici la manière dont ceux-ci ont usé de ce droit, mais seulement a le reconnaître. Quoi qu’il en soit, c’est du prétexte que leur avait fourni M. Combes qu’ont usé les émeutiers dans les églises d’Aubervilliers, de Belle ville et de Plaisance. Ils ont contesté aux prédicateurs le droit de monter en chaire : nous leur contestons à eux-mêmes celui de se substituer aux commissaires de police et aux sergens de ville. Il y a là de leur part usurpation de fonctions.

Tous ces incidens, dont quelques-uns ont failli très mal tourner, avaient précédé de quelques jours la rentrée des Chambres. Les radicaux-socialistes prétendaient que la question de la séparation de l’Église et de l’État se trouvait posée par cela même et qu’il était urgent de la résoudre, Ils ne s’étaient pas contentés de faire du tapage dans quelques églises de Paris ou des environs, ils avaient essayé, ce qui était cette fois un procédé de propagande parfaitement légal, d’agiter les esprits en province au moyen de réunions et de conférences. Une date avait été choisie pour ces manifestations : elles se sont réduites à quelques discours insignifians. Mais les radicaux. socialistes sont passés maîtres dans l’art de faire valoir tout ce qu’ils font : aussi ont-ils assuré qu’ils avaient produit un effet immense, et que Chambre des députés, Sénat, Gouvernement, n’avaient plus qu’à s’incliner devant la volonté populaire. Dès le premier jour de la reprise de la session, M. le président du Conseil a dû répondre à une interpellation sur l’ensemble de sa politique religieuse, et plus particulièrement sur la séparation de l’Église et de l’État. On l’a mis en demeure de se prononcer nettement pour ou contre, et certes il ne l’a pas fait ; mais la Chambre l’a fait à sa place, ce qui est bien plus important. Livrée à elle-même, elle s’est prononcée contre la séparation. Voici comment les choses se sont passées.

Nous ne nous perdrons pas dans le récit de la séance : elle n’a eu qu’un médiocre intérêt. M. le président du Conseil y a fait entendre les mêmes déclarations, vagues et imprécises, qu’il avait déjà produites devant le Sénat. Comme philosophe, il est pour la séparation, mais, comme homme politique, il en juge la réalisation immédiate impossible, ou du moins très dangereuse. Cependant, il croit devoir s’en