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Il ne suffit pas, en effet, que les chefs des armées soient désignés à l’avance et mis à même de se préparer ; il faut aussi que, dès le début des opérations, ils trouvent dans leurs états-majors des officiers entièrement prêts à faire connaître leur volonté et à en surveiller l’exécution ; rompus à tous les détails qu’entraîne le commandement des armées modernes ; connaissant à fond leurs théâtres probables d’opérations ; bien préparés à donner, sans perte de temps et en toute connaissance de cause, les renseignemens dont un chef, quelles que soient sa propre préparation et ses capacités, aura toujours besoin pour faire marcher, vivre, combattre ses troupes.

Les officiers qui composent les états-majors d’armée doivent avoir l’habitude de travailler ensemble, de comprendre vite et bien les ordres de leurs chefs ; ils doivent être connus d’eux, afin de pouvoir être employés dans des missions exceptionnelles, chacun suivant ses facultés. Le service des états-majors d’armée doit être assez préparé pour que, dès les premiers jours de la guerre, les chefs d’état-major ne soient pas absorbés par des préoccupations de détail ; qu’ils aient l’esprit libre ; que leurs facultés puissent se tendre vers l’avant ; et qu’ils soient, dès le début de la guerre comme toujours, les aides, les confidens de leurs généraux pour les opérations destinées à joindre et à battre l’ennemi.

Le rôle du chef d’état-major de l’armée n’est pas sans avoir, on le voit, une importance capitale pour les destinées du pays. Ce rôle veut de l’expérience, du jugement, de l’intelligence, du caractère, une grande puissance de travail. Là encore, le jour où nous aurions trouvé l’homme répondant bien à ces fonctions, il faudrait pouvoir le conserver précieusement sans limite d’âge.


III

Nous avons essayé de montrer ce que devraient être, sous notre régime actuel, le rôle du gouvernement et la préparation du haut commandement et des états-majors des armées ; mais quelles mesures a-t-on prises jusqu’à présent ? Nous allons l’examiner rapidement, et enfin conclure, en faisant des propositions fermes pour perfectionner ce qui existe aujourd’hui.

Jusqu’à l’année dernière, au moment de la guerre,