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Newman[1]. C’est possible[2]. » Mêmes constatation et inquiétude chez un correspondant High church de sir Roundell Palmer[3] .

Les exemples ne manquaient pas, d’ailleurs, qui pouvaient pousser à l’incroyance. A côté des hommes qui, comme Stanley ou Jowett, s’arrêtaient à mi-chemin, dans la région vague du Broad church, d’autres allaient jusqu’au bout de la négation religieuse : les uns, désabusés du Newmanism, comme Pattison et comme J. A. Froude, le frère d’Hurrell, qui publiait, en 1849, The Nemesis of Faith, récit douloureux de la faillite d’une croyance ; les autres, venus de l’Arnoldism, comme l’un des fils d’Arnold, Matthew Arnold, et comme Clough, tous deux poètes, le premier, en outre, penseur éminent. Faut-il ajouter qu’à cette même époque d’autres influences, également hostiles à la foi chrétienne, pénétraient à Oxford : celle du positivisme, avec R. Congreve et Frédéric Harrisson, et celle du darwinisme commenté par Huxley dans le sens matérialiste ?


IV

Si, à Oxford, Stanley et Jowett étaient les principaux représentai du Broad church, il y avait, hors de cette Université, d’autres personnages, de types variés, qu’on rattachait d’ordinaire à cette école. L’un des plus en vue était un clergyman dont ses amis ne parlaient alors que comme d’un saint et d’une sorte de prophète, Frederick Denison Maurice[4]. Homme de prière, d’abnégation, d’humilité, il avait, sans qualités extraordinaires d’écrivain ou d’orateur, ce don d’apôtre qui élève les âmes vers Dieu et éveille en elles l’amour de la vertu et les généreux enthousiasmes. Né en 1805, unitarien de naissance, il ne s’était converti à l’anglicanisme qu’à l’âge de vingt-six ans, avait alors reçu les ordres, et avait exercé son ministère, en province d’abord, puis à Londres. Des disciples et admirateurs fervens se groupaient autour de lui. Nombreux furent les enfans qui, nés à Londres, vers le milieu du siècle, reçurent en son honneur, au baptême, le nom de Maurice. La question religieuse ne l’absorbait pas exclusivement : très en sollicitude pour

  1. C’était un frère de Newman, d’opinions fort irréligieuses.
  2. Life and Letters of Hort, p. 187.
  3. Memorials of earl of Selborne, Family and personal, t. II, p. 64.
  4. Cf. Life of F. D. Maurice, par F. Maurice, 2 vol.