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relations entretenues par le contingent anglais avec les autres troupes alliées et en particulier avec les troupes françaises.

Au début de la campagne, les relations, en dehors du service, entre les soldats anglais et ceux de la plupart des autres contingens alliés furent, en général, empreintes d’une certaine réserve : cette constatation n’étonnera point quiconque sait l’indifférence ou le peu d’empressement qu’éprouve le gentleman anglais, — et dont le soldat lui-même, se modelant en toutes choses sur son chef, est loin d’être exempt, — non point à se lier ou à frayer, mais simplement à entrer en relations banales avec des personnes qui lui sont inconnues, à plus forte raison lorsque celles-ci sont d’une autre nationalité. A défaut de la présentation en règle obligatoire, une circonstance exceptionnelle, — telle qu’une coopération à une action de guerre, des relations de service provoquant un échange de procédés courtois, etc., — est indispensable, comme on dit communément, pour rompre la glace et amener une détente dans les rapports réciproques. Cela n’empêcha point, dans les opérations sous Tien-Tsin, pendant celles de la colonne Seymour et de la marche sur Pékin, ces relations d’être toujours celles de troupes qui avaient conscience que, devant le danger commun et la grandeur du but poursuivi, il fallait faire taire, — s’il en existait, — tout sentiment dont la manifestation eût risqué de compromettre le succès de l’œuvre à laquelle coopéraient tous les alliés. Mais, tout en se prêtant, réciproquement, l’aide qu’exigeaient les circonstances, les hommes du contingent anglais ne se défendaient point, à l’occasion, dans leurs rapports, et l’on peut ajouter, instinctivement, vis-à-vis de quelques autres contingens, de cette réserve, qui était plus ou moins nettement accentuée, selon les nationalités.

Les causes générales de cette réserve, de la part du contingent anglais, étaient encore : l’état d’infériorité, par rapport à quelques autres puissances, — au point de vue de l’importance des effectifs, — dans lequel les Anglais se trouvaient représentés dans le Pé-tchi-li ; le rôle, trop effacé à leur gré, qu’ils étaient et surtout qu’ils allaient être sans doute, pensaient-ils, dans l’obligation de jouer, en présence des grands corps expéditionnaires dont l’envoi était annoncé, et sur un théâtre d’opérations où la nature de leurs intérêts, autant que le prestige dont ils jouissaient vis-à-vis des nations de l’Extrême-Orient, les avait