Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 16.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette distance de la mère patrie, un capital d’une valeur considérable, dont il doit compte à son pays. Ceux qui ont eu l’honneur d’exercer le commandement de ces expéditions coloniales dont les opérations se déroulent à cinquante et à cent jours de marche des côtes, et où les seules ressources sont restreintes au personnel et au matériel constituant la colonne, sentent vivement la haute portée de ce principe : et si leur conscience est à la hauteur de leur jugement, ils préféreront cent fois un succès, moins brillant sans doute, acquis sans de grandes pertes, à un acte de force brutal et inconsidéré, à « coups d’hommes, » qui entraînera l’inutile sacrifice de nombreuses vies humaines, mais qui, aux yeux des gens subordonnant l’importance d’une affaire au nombre des hommes que l’on laisse sur le champ de bataille, se transformera en une glorieuse victoire.


V. — ALLEMANDS, AUTRICHIENS, ITALIENS

L’exposé sommaire qui vient d’être fait du caractère des relations que les différens contingens alliés ont entretenues, pendant cette campagne du Pé-tchi-li, entre eux, et notamment avec le corps français, paraîtrait certainement bien incomplet s’il n’y était point également question, dans quelque mesure, de ces relations avec les contingens allemand, autrichien et italien, eu égard, surtout, à l’intérêt particulier que, dans chacune de ces puissances, comme en France, l’opinion publique et aussi le gouvernement attachaient à tout ce qui avait trait aux rapports survenant, au cours de cette campagne, entre le contingent français et ces détachemens des armées de la Triple-Alliance.

Nous ne pensons point, toutefois, qu’il soit utile, à cette occasion, de se livrer à une sorte d’étude comparée des principales qualités militaires ou des imperfections qui distinguaient les élémens dont étaient formés ces contingens, ainsi que l’on a pu être amené à le faire pour les troupes de certaines autres Puissances avec lesquelles il n’est que très rarement donné à des corps européens de se trouver en un contact aussi prolongé. En effet, l’organisation des armées allemande, autrichienne et italienne ; les procédés et le degré d’instruction professionnelle des cadres et des troupes de leurs différentes armes ; les principes sur lesquels est fondée leur tactique de combat, etc., sont matières trop connues, même dans les détails, pour qu’il y ait lieu