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de s’y arrêter dans un exposé de cette nature. Tout au plus convient-il, à notre avis, de se faire l’écho de l’impression générale produite, chez les alliés, par l’attitude, dans les premiers momens qui suivirent leur débarquement dans le Pé-tchi-li, des élémens qui composaient ce corps de 22 000 Allemands, transporté à grands frais, à 4 000 lieues de la mère patrie, — le plus grand effort qui ait jamais été entrepris par cette puissance en vue d’une expédition d’outre-mer.

Ce que les alliés ont été unanimes à constater, c’est, tout d’abord, les soins minutieux avec lesquels la constitution de ce corps expéditionnaire avait été préparée comme choix des cadres et des troupes, comme organisation des services, comme envoi de matériel de tout genre[1] ; c’est l’esprit d’ordre et de discipline, la régularité de la tenue qui y régnaient ; la correction, l’aménité, nous pourrions dire, des chefs et des soldats dans leurs relations avec ceux des autres contingens et, notamment, avec les contingens russe et français. On faisait, en revanche, à la généralité des officiers allemands le reproche que nous n’hésitons pas à reproduire ici, notre but étant de donner un aperçu de l’impression, générale, — favorable ou non, — produite par chacun des contingens alliés sur leurs frères d’armes du Pé-tchi-li ; on reprochait dons à la généralité des officiers et des

  1. L’expérience de cette campagne révéla cependant un certain nombre d’imperfections de détail, en vue de l’organisation de corps destinés à une guerre coloniale, observations dont les Allemands firent promptement leur profit.
    C’est ainsi que l’on avait négligé de pourvoir les hommes du corps expéditionnaire, à leur départ, de ceintures de flanelle, ce qui causa de nombreuses indispositions en cours de traversée et dans les premiers jours qui suivirent leur débarquement. De même, il ne viendra plus, désormais, à l’esprit du commandant d’un corps expéditionnaire appelé à opérer dans des contrées de chaleur tropicale, de doter les hommes d’un chapeau de paille légère, agrémenté d’une cocarde et relevé sur un côté, à la mousquetaire, en remplacement du casque colonial ou du chapeau de feutre mou, à larges bords. Les Russes, il est vrai, ne firent usage comme coiffure, dans le Pé-tchi-li, même dans les momens où la température fut la plus élevée, que de la casquette nationale à plate visière, recouverte d’un couvre-nuque en toile. Ils eurent, de ce fait, à enregistrer quelques cas d’insolation ; mais, comme le constatèrent les autres alliés, la presque-totalité des soldats qui composaient ce contingent jouissaient d’une immunité dont on fut unanime à attribuer la cause à l’origine asiatique de la plus grande partie des élémens dont il était constitué.
    L’année suivante, en 1901, les soldats du corps expéditionnaire allemand furent munis, pour l’été, de casques en liège analogues à ceux qui sont en usage dans les troupes françaises, mais avec la partie arrière, — celle qui forme couvre-nuque, — à rabattement, de manière à permettre à un homme couché de tirer, sans être gêné par son casque. Cette disposition ingénieuse était, paraît-il, assez appréciée.