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Les premières ne sont astreintes qu’au dépôt de leurs statuts à la sous-préfecture, et sont en partie affranchies du contrôle de l’Etat, mais ne profilent pas, comme les autres, de ses subventions, bonifications et allocations, ni des exemptions de certaines taxes. Elles ne peuvent non plus posséder des immeubles. Toutes les faveurs sont réservées aux deux autres catégories de sociétés. L’Etat ne peut d’ailleurs refuser l’approbation que dans des cas déterminés, mais, en retour, les sociétés approuvées doivent effectuer leurs placemens dans les caisses d’épargne, à la Caisse des dépôts et consignations, en fonds d’Etat ou en valeurs garanties par l’Etat. Elles peuvent, en outre, pour leurs opérations, utiliser la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse.

Nous n’avons nullement l’intention d’examiner la loi actuelle dans ses détails. La chose a déjà été faite. Ce qui est intéressant, c’est d’en étudier les conséquences au double point de vue matériel et social.

Et d’abord les résultats matériels sont déjà des plus encourageans. Certes nous sommes encore loin des Friendly Societies anglaises dont l’effectif et le capital, sans parler des caisses des Trade Unions, atteignent le double des chiffres français, mais la progression des sociétés de secours mutuels dans ces dernières années a été telle que, si les circonstances s’y prêtent, on peut entrevoir la possibilité d’arriver à un résultat dépassant celui obtenu en Angleterre.

Prenons le rapport sur les opérations des sociétés de secours mutuels pendant l’année 1900 adressé au Président de la République par le ministre de l’Intérieur le 30 novembre 1902. Tout en regrettant de n’avoir pas un travail se rapportant aux opérations d’une année plus récente, nous y saisissons, malgré l’aridité d’une pareille étude, à travers un millier de pages presque exclusivement couvertes de chiffres, ce que déjà le mécanisme de la mutualité présente d’ingénieux dans nos villes comme dans nos campagnes.

A la fin de 1900, 1e nombre des sociétés libres et approuvées était de 13 991 avec 325 933 membres honoraires et 2 132 544 membres participans, soit 2 458 477 en tout. Ces chiffres accusent, sur 1897, une augmentation de 2036 sociétés et de 653 885 membres. Elle est due aux salutaires effets de la loi de 1898 et aussi au développement de la mutualité scolaire, qui a été poussée dans ces dernières années avec la plus grande énergie.