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locaux de réunions et de conférences mis à la disposition de l’association, combien d’élémens ne trouverait-on pas encore pour faciliter l’œuvre d’amélioration sociale vers laquelle nous devons tendre ?

L’association professionnelle intégrale telle que nous l’indiquons, par les idées de fraternité qu’elle développe et par la solidarité qu’elle comporte, est réellement la prolongation du foyer. La mutualité formée dans son sein entre frères, amis, camarades, soumis aux mêmes fatigues et aux mêmes dangers, est elle-même la plus haute expression de ce caractère familial. On s’y connaît, on n’y feindra pas la maladie, et la répartition des secours par les intéressés est une garantie contre l’intervention intempestive de l’assistance officielle qui, par la façon inintelligente dont elle s’exerce, peut devenir un agent de démoralisation. A ceux qui n’ont pas de famille, ou qui en sont éloignés par les circonstances, l’association professionnelle ainsi comprise en crée une nouvelle. Elle tire de son isolement le travailleur de l’usine et des champs qui n’a que ses bras pour vivre et lui rend confiance en la justice sociale. Elle est le lien entre la famille, aujourd’hui attaquée par les collectivistes, et une autre association plus vaste, faite de toutes les associations secondaires, la Patrie, combattue elle-même encore par la même école.

En terminant cette étude, nous nous permettrons d’émettre un vœu : c’est que l’Etat, qui subventionne actuellement toutes les sociétés de secours mutuels approuvées, réserve dorénavant ses faveurs aux seules mutualités professionnelles, sans toucher d’ailleurs aux anciens droits. Ce faisant, non seulement il aiderait à ce grand mouvement d’organisation du travail qui est l’avenir, mais il contribuerait à le doter, dès sa naissance, d’un puissant élément de pacification sociale.


LUDOVIC DE CONTENSON.