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LES
GARANTIES DE NOS LIBERTÉS



LA LIBERTÉ INDIVIDUELLE


Nous vivons en vérité, dans une étrange quiétude. Les lois pénales, dont l’application est destinée à faire régner l’ordre dans la société, qui punissent la violence contre les propriétés et les personnes, qui frappent le voleur, l’escroc et le faussaire, qui châtient celui qui blesse aussi bien que celui qui tue, ces lois qui semblent avoir tout prévu, n’ont rien établi d’efficace contre les atteintes portées au préjudice du citoyen au nom de l’État ou de ses mandataires. Qu’un voisin usurpe son champ, le propriétaire est assuré de trouver des juges. Qu’un incendiaire mette le feu à son bois, qu’une bande pille sa maison, il appelle les gendarmes, qui accourent à son aide, et la certitude qu’il a de les voir accourir est le caractère propre d’une société réglée. Mais, qu’il s’agisse d’un délégué de l’autorité, d’un commissaire de police agissant par ordre supérieur, que ce fonctionnaire s’empare d’un immeuble, l’occupe, ou le ferme, appose les scellés et enlève les clefs, qu’il procède à une arrestation, qu’il opère une visite domiciliaire, qu’il emporte les papiers les plus intimes, les lettres les plus précieuses ou les plus banales, qu’il saisisse toute une correspondance à la poste, qu’il éveille par ses