Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 16.djvu/564

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II. — COMMENT IL CONVIENT D’APPRÉCIER L’ŒUVRE DE LA COMPAGNIE DU SAINT-SACREMENT

L’histoire religieuse et politique de la France entre 1600 et 1640, qui nous fait mieux comprendre la naissance et l’organisation de la Compagnie du Saint-Sacrement, nous aide aussi à en juger l’œuvre.

Dans l’activité multiforme que nous avons essayé de résumer au début de cette étude, un départ s’impose évidemment. — Il y a, d’abord, ces œuvres purement spirituelles, d’évangélisation lointaine ou de vigilance prochaine, qui devaient paraître aux Confrères du Saint-Sacrement les plus directement conformes à leur grand projet d’aider l’Eglise dans sa régénération et son réveil. Laissons-les de côté, si l’on veut. Car, peut-être, en dehors des historiens, le nombre n’est-il pas grand de ceux qui ont le libéralisme d’applaudir, lorsqu’il s’agit de croyances qui leur sont étrangères, aux efforts faits par des hommes de bonne foi pour propager un idéalisme bienfaisant. — Une autre partie, dans l’œuvre de la Compagnie, appelle, sans conteste, une estime sans réserves. C’est cette assistance aux pauvres et aux souffrans, qui, vu la misère affreuse, perpétuelle, universelle et visible du peuple, en France, au XVIIe siècle, aurait dû être la principale préoccupation et la perpétuelle hantise de tous les « honnêtes gens, » de tous les esprits cultivés, à plus forte raison de toutes les âmes chrétiennes de ce temps, — et qui, pourtant, ne l’a pas été.

Il faut savoir gré à la Compagnie du Saint-Sacrement d’en avoir eu dès l’origine, d’en avoir conservé jusqu’à la fin la passion infatigable. Elle eût pu se faire l’instrument de la contre-réformation catholique en France, sans consacrer à la charité autant qu’elle le fît de son temps et de ses ressources. Que, dans cette charité, elle ait été la collaboratrice de « M. Vincent » ou bien son inspiratrice, — comme on est grandement tenté de le croire, après avoir suivi l’enquête si précise et si originale de M. Allier sur ce point, — toujours est-il que nous la trouvons mêlée à toutes les œuvres de bienfaisance auxquelles les noms du saint missionnaire et de ses trop peu nombreux disciples sont restés, jusqu’à présent, seuls attachés. Elle a même, dans le bien, plus que le zèle chaleureux d’un Vincent de Paul : elle a