Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 16.djvu/569

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appelait « l’honneur de Dieu ? » Cet « honneur » n’était pas seulement une piété, mais une institution. Politiquement, juridiquement, la religion chrétienne supportait l’édifice civil : donc les outrages faits à ses mystères essentiels étaient des attentats révolutionnaires à la sécurité aussi bien qu’à la majesté de l’Etat. S’il y avait des crimes « méritant griève punition corporelle, » c’étaient ceux-là, au premier rang, et l’impitoyable répression du « blasphème » anti-chrétien, au moins quand il s’exprimait en paroles et en actes, ne pouvait pas ne pas apparaître aux plus éclairés comme une mesure logique et juste de défense sociale[1]. C’est ici l’un de ces cas où l’histoire, qui peut juger, mais qui doit juger avec intelligence, doit défalquer de la responsabilité individuelle la part de l’aveuglement général.

Mais il en va tout autrement de la guerre qu’à partir de 1632, la Compagnie du Saint-Sacrement fit aux Protestans français. Elle est, nous essaierons de le démontrer, inexcusable historiquement.


ALFRED REBELLIAU.

  1. Si ces faits, bien connus, avaient besoin de preuves, il suffirait de renvoyer aux traités de Jure Belli ac Pacis et de Imperio summarum potestatum circa sacra de Grotius et aux traités des Lois civiles et des Délits et des Crimes de Domat. Grotius réduit autant qu’il peut les opinions irréligieuses punissables, mais l’athéisme et la négation de la Providence lui paraissent toujours « coerceri. posse… nomine humanæ societatis. »