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moins au début) de l’archevêque Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, frère du cardinal. À ces oppositions on passa outre On déposa respectueusement dans le « coffre » la lettre de Louis XIII, dont il fut délivré copie quelquefois, — rarement, — à celles des Compagnies qui souhaitèrent d’être renseignées sur leur situation légale[1] ; on décida « qu’on demeurerait dans le silence » et qu’avec cette unique garantie « on continuerait les assemblées. » Mais on s’appliqua dès lors, — c’était en 1631, — « à les tenir le plus secrètement possible[2]. » Et ce secret, la Compagnie du Saint-Sacrement, pendant les trente-cinq ans qu’elle vécut ensuite, le maintint et l’accrut avec la plus minutieuse attention.

A peine est-elle née, — cette société qui compte parmi ses fondateurs un capucin et un jésuite[3], — qu’elle se hâte de s’interdire à elle-même d’admettre en son sein « tout prêtre appartenant à une congrégation. » Cela, entre autres raisons, parce qu’un religieux, « n’étant pas maître de lui-même, » aurait dû « faire connaître à ses supérieurs tout ce dont il serait chargé par la Compagnie. » — Après avoir commencé par tenir dans des couvens ses séances hebdomadaires, elle y renonce « parce qu’on y était trop observé. » — Même « le lieu de l’assemblée, s’il n’y en avait point d’arrêté, » pouvait être choisi par le président et, par conséquent, changé par lui selon sa prudence. On alla jusqu’à décider qu’il valait mieux « qu’il n’y eût pas un lieu fixe. » Et, si l’on ne nous dit point que, pour s’y rendre, le « manteau couleur de muraille » fût recommandé, au moins voyons-nous qu’à Poitiers, « ceux des messieurs de la Compagnie qui ont ordinairement des laquais à leur suite » sont priés « de s’en défaire quand ils viennent à l’assemblée. »

Une société dont « le secret est l’âme » ne doit pas être trop nombreuse. De là, le mode de recrutement adopté d’assez bonne heure. L’admission des membres nouveaux, qui, au début, dépendait de l’assemblée, fut bientôt confiée au seul comité directeur, formé par les « officiers. » Et ceux-ci n’admettaient de postulans qu’après une soigneuse information, portant non

  1. D’Argenson, p. 35, n’indique, comme en ayant reçu copie, que les groupes de Lyon et de Rouen.
  2. D’Argenson, p. 9-24.
  3. Le P. Suffren, confesseur de Marie de Médicis, et aussi, à ce moment, de Louis XIII.