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l’assistance médicale est considérable. Nos médecins, par le succès de leurs cures, par certaines opérations heureuses amenant un soulagement immédiat, se sont fait une réputation de véritables sorciers. C’est ainsi que le docteur Beigneux voit arriver souvent des indigènes de la forêt Tanala ou du pays Bara, faisant des centaines de kilomètres à pied, pour demander le secours du sorcier vazalia[1]. Lors de la campagne du colonel Lyautey, les indigènes soumis de la veille venaient sans crainte se confier aux médecins qui accompagnaient nos troupes, pour se faire vacciner. Bien plus, un chef Fahavalo, nommé Bemalanto, un des auteurs de l’embuscade où fut si grièvement blessé le lieutenant Fresnée et où tombèrent plusieurs de nos soldats, vint, quelques jours après sa soumission, demander le docteur Conan au poste de Midongy, et le conduisit au fond de son repaire, où aucun Français n’avait encore pénétré, auprès de son père malade. Dans la campagne contre les Tambavala, le docteur Grenn reçut un jour, pendant les opérations, la visite d’un Fahavalo, qui eut assez de confiance en lui pour lui demander ses soins. Pour i tus ceux qui connaissent la méfiance légendaire du Malgache, ces faits prouvent quel prestige nos médecins militaires ont su conquérir. Est-il nécessaire d’ajouter combien ce prestige est pour nous un puissant auxiliaire de la pacification ? D’ailleurs, c’est parce qu’il connaît toute l’utilité du rôle du médecin aux colonies, aussi bien au point de vue de la repopulation qu’à celui de la pacification durable, que le général Gallieni attache une telle importance à l’assistance médicale et qu’il l’a organisée lui-même avec tant de soin à Madagascar.

La lèpre est encore assez répandue dans la Grande-Ile. Les léproseries ont pour but de séparer les malheureux atteints de cette épouvantable maladie, de l’élément sain de la population, et de les réunir dans des villages spéciaux, isolés du reste du pays. Les lépreux y vivent soit en famille, comme à Fianarantsoa, soit séparés par sexe, comme à Ambohédatrimo. Ils travaillent suivant leur force, ont des rizières et des terrains qu’ils peuvent cultiver. Ils sont habillés par l’État. Les quatre principales léproseries sont à Ambohédatrimo, près de Tananarive, à Antsirabé et à Fianarantsoa. Les missions ont de plus de petites léproseries à Tananarive et Fianarantsoa.

  1. Européen.