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à l’état de langue écrite. Les missionnaires se servirent, pour fixer les mois malgaches, de caractères latins, imitant ainsi l’exemple que leur avait donné le sergent Robin[1], secrétaire et professeur d’écriture du roi Radama. La preuve indéniable en est fournie par un vieux cahier, — le cahier d’écriture de Radama 1er, — trouvé par M. A. Jully, architecte des bâtimens civils à Madagascar, dans la case de Mahitsy, dans l’enceinte du vieux palais, et qui fut commencé, sinon rempli, par le royal élève, entre 1822 et 1825. M. A. Jully a publié le fac-similé de deux pages de ce cahier[2].

Dans le Sud de Madagascar, l’enseignement est officiel ou privé. Le premier est donné par des instituteurs indigènes sortant des écoles de l’Etat, le second par des instituteurs indigènes formés dans les missions des diverses confessions chrétiennes et aussi par les missionnaires eux-mêmes. Il y a à Fianarantsoa une école normale supérieure, l’Ecole François de Mahy, qui y est installée depuis le 7 février 1902, dans des locaux définitifs. Elle comprend un ouvroir et une cuisine d’étude pour les filles et un grand nombre de boursiers, qui ne sont pas seulement des élèves instituteurs, mais aussi des fils de chefs des peuplades Bara et Tanala destinés à succéder à leurs pères. L’Ecole François de Mahy est donc, non seulement une école normale, mais un établissement de diffusion de notre influence dans le Sud de l’île. Dans le même ordre d’idées, le capitaine Détrie, commandant le cercle de Fort-Dauphin, avait eu l’heureuse idée d’attirer aux écoles, sous le nom de Pupilles du Cercle, plusieurs fils de chefs entretenus aux frais de la colonie, et cette institution a été maintenue et développée par son successeur.

Avant de quitter son commandement, le colonel Lyautey appelait l’attention de l’inspecteur de renseignement sur cette catégorie d’élèves, dans les termes suivans : « L’institution des boursiers, en ce qui concerne ceux qui proviennent des régions à demi sauvages, les plus récemment soumises, a une portée politique plus encore que professionnelle. Ils sont destinés à porter notre influence et les connaissances prises à notre contact parmi

  1. Notes sur Robin (Notes, reconnaissances et explorations, t. III, 31 mai 1898).
  2. Je renvoie ceux de nos lecteurs, que la question de l’enseignement aux colonies intéresse plus particulièrement, au livre de M. H. Froidevaux sur l’Œuvre scolaire de la France dans nos colonies, qui fait partie des travaux publiés, sous notre direction, à l’occasion de l’Exposition coloniale de 1900.