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des populations encore très éloignées de nous ; ils doivent donc être l’objet de soins particuliers et même, de votre part, de relations personnelles qui vous gagneront leur confiance et leur amitié. Ces boursiers comprennent deux catégories : a) les jeunes gens choisis en raison de leurs aptitudes pour devenir des instituteurs et des interprètes ; b) les fils de chefs qui succéderont à leurs pères, comme gouverneurs ou petits chefs, dans des régions où ces fonctions sont encore traditionnellement héréditaires. Vous comprenez l’intérêt spécial avec lequel doivent être suivis ces derniers, sur lesquels reposera un jour notre autorité dans leurs tribus… Il y a lieu, en ce qui les concerne, de vous tenir en relations avec les commandans de provinces et de secteurs dont ils relèvent. Ils vous feront connaître l’intérêt spécial qui s’attache à chacun d’eux, l’emploi auquel ils sont destinés à leur sortie de l’école. »

Le colonel Lyautey croit qu’il y a certaines modifications à apporter au système général actuel, qu’il convient de profiter de ce qu’il existe sur place un enseignement privé fortement constitué pour attribuer respectivement à cet enseignement et à celui de l’Etat deux rôles bien distincts, de façon qu’ils se complètent au lieu de se faire concurrence ; et il résume ainsi les principes à adopter : « L’enseignement supérieur à l’Etat, — l’enseignement primaire aux missions. Restreindre l’enseignement du français, comme degré d’instruction et comme nombre d’élèves, au strict nécessaire pour former les interprètes, employés de l’Etat, fonctionnaires ; maintenir l’enseignement du malgache, et développer dans toute la mesure du possible l’enseignement professionnel et agricole. »

Il ne faut, en effet, pas perdre de vue que ce que demande non seulement le Sud de Madagascar, mais à le tout entière, c’est de la main-d’œuvre, — main-d’œuvre agricole et main-d’œuvre ouvrière, — et non pas des fonctionnaires et des lettrés. Les Hova, qui dominent dans les écoles, ne sont déjà que trop naturellement portés au mandarinat. Il est évident que dans les régions où les missions ne sont pas établies, c’est à l’enseignement officiel qu’il faut avoir recours ; mais, dans celles, qui sont les plus nombreuses, et les plus populeuses, où sont établies les missions, l’enseignement primaire officiel devient une superfétation onéreuse. Il faut enfin considérer qu’au point de vue de la neutralité confessionnelle et de la liberté religieuse, on se trouve