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UN AN DE CROISIÊRE
EN EXTRÊME ORIENT

IV[1]
ANGKOR. — JAVA. — L’ILE DIEGO GARCIA. — LES SÉCHELLES

Il est une heure du matin quand nos chaloupes quittent l’embarcadère de la résidence de Pnom-Penh. Nous allons vite et, au réveil, nous sommes déjà à l’entrée du Grand Lac. Pendant la nuit, nous avons dépassé ce curieux village de Compong-Chuang que j’ai visité à un précédent voyage. Toutes les maisons y sont construites sur des radeaux en bambou qui flottent dans le fleuve. Suivant la hauteur des eaux, le village se déplace, laissant toujours entre chaque case des espaces vides où l’on circule en pirogue. C’est en quelque sorte une Venise nomade.

A trois heures, l’ancre est jetée à l’entrée de la rivière de Siem-Réap. Toute une flottille de canots envoyés par le gouverneur siamois accourt à notre rencontre. De grands drapeaux sont déployés et trois ou quatre fonctionnaires, vestes blanches, sampots, bas noirs et souliers à boucles, plus de nombreuses décorations, viennent se mettre à la disposition de M. et de Mme de B… L’interprète susurre dans les deux langues quelques phrases aimables, et une bouteille de Champagne est bue, avec une visible

  1. Voyez la Revue du 15 juin et des 1er et 15 juillet.