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du travail que le muscle exécute, et qu’elle se reforme pendant le repos de l’organe.

Après un travail forcé et prolongé, le glycogène peut disparaître complètement, et c’est un second moyen expérimental, usité en physiologie, de débarrasser le foie et les tissus d’un animal de tout le glycogène qu’ils contiennent. Il suffit, dans les laboratoires, de soumettre le cheval au travail forc é de la trotteuse pendant plusieurs heures ; d’imposer au chien une besogne analogue dans la roue tournante, pour faire table rase de la substance glycogénique. Dans ces ruineux exercices, le muscle résiste plus longtemps que le foie ; le glycogène adhère plus fortement aux fibres musculaires qu’aux cellules hépatiques. Il en est de même d’ailleurs pendant l’inanition ; c’est d’abord le foie qui s’épuise. Après qu’elle a disparu de cet organe, la matière glycogénique persiste encore quelque temps dans les muscles : un jour, dans ceux de l’oiseau, du poulet ; deux jours, dans ceux du lapin ; environ cinq jours, chez le chien. Et, ainsi, ces animaux peuvent survivre un peu de temps à l’épuisement du glycogène dans leur foie. Ils ne meurent pas sur le coup, parce qu’ils peuvent ravitailler leur sang du glucose indispensable à la vie des élémens cellulaires en utilisant, comme suprême ressource, le glycogène musculaire. Quand celui-ci, à la fin, a été dissipé, le sucre du sang baisse, à son tour ; la vitalité générale décline, et la mort ne tarde pas à clore cette scène de déchéance physiologique.


On conçoit par-là la vanité des tentatives d’alimentation exclusive à la viande. Quand on donne de la viande à un animal, on ne lui donne pas seulement un aliment azoté, protéique : on lui donne encore du glycogène, c’est-à-dire un hydrate de carbone (en proportion qui peut atteindre de 1 à 2 pour 100) ; on lui donne enfin, du même coup, des graisses, car il est aussi difficile de dépouiller la chair musculaire des dernières portions de graisse adhérente à ses fibres que de la débarrasser du glycogène. C’est donc, à strictement parler, un aliment complet que l’on administre, alors qu’on s’imagine employer un aliment partiel. — Un grand nombre d’expériences ont été viciées par cette erreur fondamentale.

Si l’on veut soumettre un sujet au régime exclusif des alimens protéiques, il faudra donc, comme l’ont fait Külz, Pflüger