Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 16.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

combrent, la veille de Noël, le parvis de Notre-Dame. Elle fait fermer (1636) la chapelle du Grand Châtelet « profanée par mille insolences, » et, dans l’église des Quinze-Vingts, pour plus de sûreté, elle met un sacristain de son choix. Elle veille (1635) à ce que les enfans marchent aux processions sans ce « tumulte scandaleux » que les horions des archers ne parviennent pas à supprimer. Elle invite les curés de Paris (1658-1660) à ne pas souffrir que, sur le parcours du Saint-Sacrement, « on tende des tapisseries indécentes. »

Elle n’hésite pas, enfin, à se mêler même de la direction purement spirituelle.

La fréquentation des gens du peuple révélait à la Compagnie, dans leur instruction catholique, des lacunes étonnantes. On remarqua, en 1634, que les mendians ne connaissaient presque pas ce « sacrement de confirmation, » qui, dit D’Argenson, « est si utile dans des vies de misère, toutes pleines d’impatience et de murmure. » Pour ce peuple, prêtres et religieux sont également et honteusement avares d’assistance spirituelle. Ici, ils se bornent à délivrer purement et simplement aux mourans les derniers sacremens, mais, « après que les mendians ont reçu l’Extrême-Onction, personne ne se donne la peine de les aider durant l’agonie ; on les laisse mourir sans le moindre mot de consolation[1]. » Là, on ne les confesse même pas. « On remarque à l’Hôtel-Dieu que les prêtres de cet hôpital ne peuvent suffire à entendre toutes les confessions des malades. » La Compagnie de Paris s’occupe infatigablement à remédier à cette incurie, soit, selon sa tactique, indirectement, soit, — plus audacieuse devant ces nécessités, — en se chargeant elle-même de la besogne qu’oublient ou que déclinent les pasteurs établis. — Après avoir, en 1633, « fait prier messieurs les curés de ne point souffrir qu’on donne l’aumône aux enterremens qu’après un catéchisme fait aux pauvres, » voyant que, « quelques curés » seulement s’y prêtent, la Compagnie le fait faire par ses membres (1634-1638) à Saint-Martin des Champs, à l’Hôtel-Dieu. — Après avoir, en 1633, « député des confrères pour conférer avec messieurs les curés » de la visite des pauvres agonisans, la Compagnie envoie, elle-même, au moins dans les environs de Paris, des ecclésiastiques qui les « assistent au spirituel. » — En 1633

  1. D’Argenson, p. 42, à l’année 1633.