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services militaires et des organes de direction du bâtiment ennemi.

Le poids de la bouche à feu, — 21 tonnes, — est tel qu’en y ajoutant ceux de l’affût ou berceau, du châssis, des engins de chargement, de manœuvre et de pointage, enfin celui des munitions, dont il conviendra de s’approvisionner largement, nous pourrons constituer à notre unité de combat un armement principal de 14 canons, l’armement secondaire et tout à fait accessoire se composant uniquement des pièces, de très faible poids, de 57 ou 65 millimètres, chargées de couler les torpilleurs, mais capables aussi de rendre des services contre les grandes unités dans un engagement rapproché.

Quant à la puissance de feu de cette artillerie, nous la caractériserons en disant que le poids de métal lancé en une minute (chacun des canons de 240 tirant trois coups dans ce laps de temps) atteindra 7 150 kilos[1].

Quels sacrifices, d’autre part, ferons-nous à la protection, au cuirassement ?

Si disposés que nous soyons à les réduire, convaincus que « la meilleure défense, c’est une offensive vigoureuse, » autrement dit, que le navire qui saura prendre dès le début de rengagement la supériorité du feu n’aura rien à craindre des projectiles d’un adversaire désorganisé, nous ne pouvons nous dispenser d’assurer à la tranche compartimentée formant le « flotteur » de notre bâtiment, ainsi qu’à son pont principal, à une partie de ses murailles et à son artillerie, — sans parler des organes de direction, — des garanties suffisantes d’invulnérabilité. Nous ne saurions entrer ici, d’ailleurs, dans le détail du dispositif des revêtemens métalliques que nous adopterions. Donnons-en seulement le poids total, qui ne devra pas dépasser, — non plus que chez la plupart des cuirassés étrangers, — 25 pour 100 du déplacement total, alors que, sur le type Patrie, la protection absorbe jusqu’à 37 pour 100 ! Il est vrai qu’on veut avoir encore 300 millimètres à la flottaison, ce que tous les marins, sauf les nôtres, trouvent exagéré…

Avec la coque, à laquelle on attribue généralement 30 pour 100 du déplacement ; avec la cuirasse, que nous bornerons, avons-nous dit, à 25 pour 100 ; avec l’artillerie, qui prendra 11 pour 100, puisqu’il nous la faut très forte, les gros « pourcentages »

  1. Non compris le poids des projectiles de l’artillerie légère.