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seront amenés à occuper par rapport à l’escadre ennemie, la distance favorable à l’efficacité de leur tir soit exactement maintenue et qu’au contraire ils ne présentent aux coups de l’adversaire que des surfaces aussi obliques, des cibles aussi fuyantes que possible.

Tel est à peu près le schéma, — un des schémas plutôt, car nous ne saurions prétendre en limiter le nombre, — du combat d’escadre conduit par une force navale rapide contre une force navale relativement lente. La caractéristique essentielle en est que, à la condition que la différence des vitesses soit très accusée, à la condition, en somme, que les courbes enveloppantes puissent être parcourues plus rapidement que les courbes enveloppées, l’escadre la plus lente sera obligée de subir passivement tous les modes d’attaque que l’escadre la plus rapide jugera bon d’employer contre elle.


Elle doit subir aussi, cette escadre lente, l’ascendant de l’escadre rapide, et, au fond, c’est le but idéal de toute tactique d’imposer l’ascendant d’une force morale supérieure. Mais encore faut-il que cette force morale soit préexistante au conflit armé car ce serait trop donner au hasard, de compter, pour la faire naître, sur l’influence heureuse d’un succès initial. C’est donc dès le temps de paix qu’on doit la cultiver, en lui donnant pour racine la conviction solidement établie à tous les degrés de la hiérarchie de la valeur prépondérante de nos navires, de notre tactique, de nos armes, de notre personnel. Que, plus tard, cette force morale se développe, s’exalte même, à la constatation des résultats des premiers coups frappés dans les conditions favorables que créera une habile utilisation de tous ces élémens de supériorité, cela n’est point douteux, et c’est alors qu’elle s’imposera victorieusement à l’adversaire.

En attendant, comment établir chez nous cette haute confiance dans l’efficacité de nos propres moyens, base de la force morale ?

La supériorité des vaisseaux que nous proposons réside dans leur grande vitesse et dans la puissance de leur armement offensif. Ce sont là qualités bien visibles, facultés appréciables pour tous, et qu’au besoin des instructions appropriées, des tableaux comparatifs bien disposés feraient ressortir aux yeux du dernier marin. De même montrerait-on que les sacrifices consentis sur