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de beaucoup la plus considérable des ouvriers de la Société des Forges et Chantiers reçoit un salaire médiocre, au sens étymologique, un salaire « de milieu, » intermédiaire entre 4 et 7 francs. Comme bas salaires, au-dessous de 4 francs, on ne trouve, aux ateliers, que le pilonnier des forges (3 fr. 53)[1], le frappeur et le fraiseur de l’outillage (3 fr. 90), les manœuvres, les aides et les apprentis ; comme hauts salaires, au-dessus de 7 francs, le marteleur des forges (10 fr. 30), le traceur de la fonderie de fer (7 fr. 20). Au modelage, pas de haut salaire ; parmi les mouleurs de la fonderie de fer, 11 ouvriers à haut salaire, s’à bas salaire, 26 à salaire intermédiaire. Par rapport à l’âge, les hauts salaires vont à des ouvriers de 67, 65, 62, 56, 50, 49, 47, 44, 43 et 41 ans ; les bas salaires, à de jeunes hommes de 21, 19, 18 et 17 ans ; les salaires intermédiaires, à des ouvriers de tout âge, de 23 à 67 ans.

La même observation pourrait être faite sur toutes les catégories ou spécialités d’ouvriers des ateliers et des chantiers. Aux chantiers, on trouverait comme hauts salaires : un menuisier (7 fr. 50) ; 17 chaudronniers en fer (de 7 francs à 8 fr. 30) ; 2 chaudronniers en cuivre (7 francs et 7 fr. 30) ; 3 forgerons (de 7 francs à 7 fr. 50) ; 25 charpentiers (de 7 francs à 8 francs) ; 2 chanfreineurs (à 7 fr. 50) ; 2 ajusteurs (7 francs et 7 fr. 50) ; i distributeur d’outillage (7 francs). Les âges correspondans sont : pour le menuisier, 40 ans ; pour les chaudronniers en fer, de 30 à 55 ans ; pour les chaudronniers en cuivre, 42 et 49 ans ; pour les forgerons, 30 ans et 51 ans ; pour les charpentiers, de 26 à 67 ans ; pour les chanfreineurs, 40 et 42 ans ; pour les ajusteurs, 40 et 45 ans ; pour le distributeur d’outillage, 37 ans. Comme bas salaires, aux chantiers, en dehors des manœuvres, des aides, des apprentis, et de quelques ouvriers dont l’âge permet de dire qu’ils sortent à peine de l’apprentissage, on ne relèverait que des cas individuels très rares ; et peut-être serait-il abusif d’appliquer indistinctement la qualification de « bas salaire » au prix qui rétribue le travail d’un aide, d’un apprenti, qui n’est pas encore maître de son métier, d’un manœuvre qui n’a pour ainsi dire pas de métier, et à celui qui rétribue le travail d’un ouvrier fait, de métier classé, de capacité et de productivité pleinement développées.

  1. Ce chiffre et les suivans sont empruntés au tableau récapitulatif du salaire moyen quotidien par spécialité.