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envoie, en poste, sous le nom du colonel Beaumont, Murat, qui commandera l’avant-garde, reconnaître les pays limitrophes de la Bohême, se rendre compte des passages, tout étudier, la carte et le précis des campagnes de Belle-Isle, à la main[1].

Il dépêche Thiard à Bade avec pouvoir et instructions pour traiter. Il traitera aussi avec le Wurtemberg, non avec l’Électeur, qui est tout autrichien, mais avec son fils, qu’il pense à substituer au père : ce fils aura le grade de général français et le grand aigle. « Arrivé à Stuttgart, je mets tout entre ses mains ; je lui donne ce que l’Autriche a en Souabe. » Le général Bertrand part pour Munich avec une lettre à l’Electeur. Il fera une reconnaissance en règle, notamment sur la route d’Ulm à Donauwerth ; il étudiera le plan d’Ulm en grand détail. « Peut-on aller à Prague par cette route ? » A l’Électeur, il confie le secret « qui n’est connu d’aucun de mes ministres, et qui est encore dans ma plus arrière-pensée. » La Bavière « y gagnera l’accroissement et la splendeur que lui réservent l’ancienne amitié de la France et la politique actuelle de mon empire. » L’esprit occupé de la Bohême, il s’imagine si peu que les Autrichiens le devanceront à Ulm et qu’il les y investira, qu’il demande à l’Electeur d’y faire confectionner 500 000 rations en biscuit, et autant à Würzbourg.

Le 26, il fait préparer les ordres de marche pour Marmont Bernadotte, Davout, le prince Eugène, le grand déménagement des provisions et munitions embarquées. Il envoie Masséna en Italie, où Jourdan lui semble insuffisant. Ces ordres sont signés et expédiés le 27. Il divise l’armée, qu’il appelle la Grande armée en sept corps ; la lettre où il donne à Berthier les instructions nécessaires est du 29, mais la mesure était connue de Berthier le 28, car, ce jour-là, Napoléon écrit à Dejean : « Le ministre de la Guerre vous aura envoyé l’organisation de la Grande armée et sept corps. » Et à Duroc : « L’armée est en plein mouvement... L’armée de Hanovre n’a encore reçu que l’ordre de se rendre à Gœttingue. Si je m’arrange avec la Prusse, je n’ai pas besoin du penser au Hanovre ; si je ne m’arrange pas avec elle, je laisserai, dans la place forte, des vivres pour un an, un bon commanda at et de l’artillerie ; et si quelqu’un vient l’assiéger, je reviendrais,

avant que la tranchée soit terminée, tomber sur l’armée assiégeante... Frédéric allait bien, rapidement, de Prague à Rosbach...

  1. Mission analogue à Savary, le 28 août, pour les vallées du Danube.