Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

com- à lui témoigner moins de confiance, se montre infatigable et demande à aller de l’avant, toujours de l’avant. M. Combes, avant même d’avoir quitté le ministère, est déjà assimilé à M. Waldeck-Rousseau depuis qu’il l’a abandonné : on le regarde comme un cheval de renfort qui, après avoir aidé à franchir une étape, en sort fourbu et a besoin d’être remplacé. Il est probable qu’à la rentrée des Chambres qui aura lieu, dit-on, le 20 octobre, les radicaux-socialistes lui mettront le marché à la main. S’il se soumet à leurs exigences, ils consentiront peut-être à faire un nouveau bail de quelques mois avec lui ; dans le cas contraire, ils lui donneront son congé. Et quelles seront les exigences nouvelles des radicaux-socialistes ? Deux réformes principales sont particulièrement recommandées et prônées par leurs journaux : la séparation de l’Église et de l’État et la suppression de la liberté de l’enseignement. On mène une campagne très active en leur faveur, sans dire pour laquelle des deux on livrera la première bataille. Peut-être commencera-t-on par la seconde, parce que la discussion en est toute prête au Sénat. C’est le Sénat aujourd’hui qui, semblant toujours de loisir alors que la Chambre se perd dans des discussions stériles, prend l’initiative des grandes réformes et les amorce. Au lieu de modérer le mouvement, il le précipite. Il fournit tant de besogne à la Chambre qu’on se demande si, au milieu de ses occupations multiples, elle aura le temps de la terminer, quoiqu’il la lui livre à moitié faite. Il a déjà voté le service de deux ans. En ce qui concerne l’enseignement, les principes de sa commission paraissent bien être ceux de la Chambre, c’est-à-dire ceux du jacobinisme le plus pur.

Un article que M. de Lanessan publiait, il y a quelques jours, dans Le Siècle indique le point de vue où se placent les radicaux-socialistes. La loi du 1er juillet 1901, dit-il, n’a visé que les associations et les congrégations ; elle est restée étrangère aux questions d’enseignement et n’a pas eu la prétention de les résoudre. Le ministère actuel a eu tort de lui demander plus qu’elle ne pouvait donner, et peut-être s’est-il vu obligé pour cela de la dénaturer ou de la fausser. S’il voulait porter atteinte à la liberté de l’enseignement, il fallait le dire et faire une loi nouvelle. Voilà la marche à suivre. Qu’on applique la loi de 1901 aux congrégations et qu’on en fasse une autre qui, posant en principe que le droit d’enseigner appartient à l’État seul et laissant à celui-ci la faculté d’en déléguer l’exercice à qui il voudra, fera enfin disparaître les derniers restes de la loi Falloux. Telle est la thèse de M. de Lanessan et de beaucoup d’autres ; mais c’est à lui que nous