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conserver ses troupes dans cette province, l’une des plus troublées de l’Empire, pour y ramener l’ordre, et aussi en raison de l’éloignement du théâtre de la guerre, seul, un petit corps d’un millier d’hommes, a-t-on dit, put aller tardivement prendre part aux opérations du Pe-tchi-li. L’impression produite sur l’esprit des officiers des différens contingens du corps expéditionnaire international, à la suite des manœuvres exécutées dans les environs de la capitale chinoise, dans les derniers mois de l’année 1901, par l’attitude et par la sérieuse instruction militaire de 4 000 soldats de ces troupes du Chang-toung, qui, sous les ordres de Yuan-Shi-Khaï, avaient formé l’escorte de la Cour impériale, lors de sa rentrée à Pékin, tendrait à faire croire que les appréhensions des généraux alliés avaient quelque fondement. D’autre part, la promptitude et la vigueur avec lesquelles le détachement des troupes envoyé de Pékin, par Yuan-Shi-Kaï, dans le milieu de l’année 1902, pour combattre les Boxers dans le Pe-tchi-li sud, réprima une révolte qui, aux yeux de tous, prenait le caractère le plus alarmant, sont une autre preuve que ce corps possède une réelle valeur.

Nous ajouterons que diverses causes ont empêché l’armée chinoise de faire, dans la campagne de 1900-1901, aussi bonne figure que les alliés étaient en droit de le craindre. Ce sont, entre autres : l’absence de tout plan général de défense de la capitale même et, aussi, de la route de Tien-Tsin à Pékin ; le manque de direction qui s’ensuivit ; le caractère des dispositions de la Cour de Chine, favorables un jour, le lendemain hostiles aux légations de Pékin et, en général, aux étrangers ; et enfin l’ordre absolu adressé par Li-Hung-Chang, aux généraux chinois, dès la chute de la capitale, d’éviter tout conflit avec les contingens internationaux, en vue de mettre fin le plus tôt possible à une guerre qui paraissait à ce haut mandarin profondément fatale aux véritables intérêts de la Chine.

Ces nombreux élémens de désorganisation n’empêchèrent point l’armée chinoise de faire preuve, en différentes circonstances, de réelles qualités militaires. Quelques écrivains, et notamment l’auteur de l’ouvrage paru, en 1902, sous le titre : Les combats du corps expéditionnaire allemand en Chine, vont jusqu’à avancer que, malgré les défaites de Takou et de Tien-Tsin, le prestige et le sentiment patriotique dont cette armée était animée ne subirent point en définitive, aux yeux des Chinois, d’atteinte bien