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sérieuse, leur généraux s’étant bornés uniquement, en dehors de ces rencontres, à refuser le combat sans jamais perdre cependant le contact de l’adversaire.

La campagne du Pe-tchi-li n’aura pas ralenti pour bien longtemps le mouvement progressif, si nettement accentué, de la réorganisation de l’armée chinoise. Elle aura eu pour résultat de fournir à la Chine des enseignemens de tout ordre, dont, bien conseillée, elle saura faire son profit ; elle paraît, de plus, avoir été un stimulant pour le zèle des réformateurs. Et, en effet, les négociations étaient à peine terminées que l’on signalait la prodigieuse activité déployée par certains vice-rois, notamment par Yuan-Shi-Kaï, le nouveau vice-roi du Pe-tchi-li, et par Tcheng-Tchi-Tong, pour la réorganisation des forces militaires de leur province. Tous les noyaux de troupes instruites, exercées à l’européenne et stationnées à Pékin, à Tien-Tsin, au Chang-Toung, à Ou-Tchang, à Nankin, à Fou-Tchéou, en Mandchourie et dans les deux Kiang, vont donc ainsi se trouver dans les meilleures conditions pour servir de modèles à la formation de nouvelles imités destinées à la constitution d’autant de petites armées réparties dans les contrées du territoire où leur action pourra être le plus efficace, en cas d’un nouveau conflit de la Chine avec une ou plusieurs puissances.

Dans quelles conditions l’organisation de ces armées pourra-t-elle être poursuivie, perfectionnée et menée à bonne fin ? Quels sont les moyens les plus propres à atteindre ce résultat ? Quelle sera, dans l’avenir, la valeur de ces armées ?


I

Sachons avant tout que le principe même de la nécessité de la constitution d’une armée et d’une marine puissantes, organisées, armées et instruites sur le modèle et d’après les méthodes des armées et des flottes européennes, n’est désormais contesté par aucun de ceux qui veulent conserver à l’Empire du Milieu son intégrité, sa dignité et son indépendance. « Pour des jours nouveaux, il faut des méthodes nouvelles, » proclamait l’empereur Kouang-Tsu dans le Chuen-Hioh-Pien. « Nous mettons au défi, disait-il, tous ces amateurs du vieux système de former une armée toujours victorieuse avec l’ancien armement ; de protéger les côtes de la Chine avec les