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technique et pratique, » qui permettra aux générations de l’avenir de développer l’industrie nationale par l’exploitation directe des mines et autres ressources du sol ; par la construction des chemins de fer, la fabrication des canons, des fusils et autres engins de guerre, etc. ; enfin, et surtout, — car c’est là une question d’urgence, une question de salut pour l’Empire, — d’inculquer aux jeunes gens qui se destinent à la carrière des armes les principes nouveaux de l’art de la guerre dont le perfectionnement marche de concert avec la science moderne. Et ils sont d’avis que cette culture des sciences occidentales, cette initiation à cet art nouveau de la guerre, c’est moins dans la lecture des livres de l’Occident que par les voyages, par la fréquentation des autres peuples, par l’étude sur place de l’organisation des différentes armées, qu’il faudra les chercher.

« Notre grand malheur, a dit l’un de ces réformateurs, vient de ce que nous ne savons pas, et si nous ne savons pas, c’est d’abord parce que nous ne voyageons pas. Demeurer en Europe une année nous sera plus utile que d’étudier, chez nous, pendant cinq années, les livres européens. Comment le progrès a-t-il été introduit chez les Japonais, sinon par ce système ? »

Examinons sur quelle base et en vertu de quels principes, comme recrutement, effectifs, instruction, armement, etc., l’armée chinoise nouvelle, ou, plus exactement, l’armée de l’avenir, en Chine, pourra être organisée.


II

On objecte bien que la Cour, ne perdant pas le souvenir de l’exemple de cette minorité turbulente et factieuse qui, à Pékin, s’appuyant sur les troupes de Tong-Fug-Sian, et, la tenant en quelque sorte prisonnière, lui a imposé une ligne de conduite si fatale aux intérêts de la Chine, hésitera à donner à l’organisation des forces militaires de l’Empire une trop grande extension et évitera de créer des armées qui pourraient être un péril pour la dynastie. Mais le danger auquel la Chine vient d’échapper, de se voir démembrée et partagée entre les Puissances, celui dont elle se voit encore menacée par les convoitises de certaines d’entre elles qui visent plus particulièrement les provinces riches et fertiles de la vallée du Yang-Tsé-Kiang, sont autrement pressans et redoutables, d’autant plus que la Cour, très