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Quelques jours après, la suite du programme s’accomplissait. Le 19 juin, bravant les ardeurs du soleil saharien, une colonne quittait Beni-Ounif sous les ordres du colonel d’Eu, et, par Ben-Zireg, se rendait à Bechar ; de là, elle lançait en avant son goum, qui visitait Kenadsa et enlevait de vive force Bou-Maïs. Le 3 juillet, les troupes étaient de retour à Beni-Ounif ; le colonel avait recueilli la soumission d’une importante fraction des Doui-Menia et fait respecter, presque sans frais et sans autre perte que deux soldats indigènes, la puissance française dans tout le triangle de l’oued Guir et de la Zousfana. Mais, pas plus que la commission franco-marocaine de 1902 et que l’escorte qui l’accompagnait, elle n’avait pu rejoindre les dissidens. En même temps, une autre colonne, partie de Mecheria, sous les ordres du colonel Pierron, parcourait les environs du Chott-Tigri et le massif du Beni-Smir, et, dit le communiqué officiel, « purgeait de malfaiteurs la région située entre Mecheria et Figuig. »

Le bombardement de Zenaga produisit, dans le public français et, plus encore, parmi les Algériens, une très vive satisfaction. Volontiers simpliste, la crédulité populaire rejetait sur Figuig, dont le nom seul lui est familier, tous les péchés des nomades : enfin, puisqu’elle était bombardée et avait fait sa soumission, on n’allait plus en entendre parler ! Moins optimiste, le communiqué officiel insinuait prudemment que « des vols et des agressions isolées pourront encore se produire sur cette immense frontière. » Et, de fait, deux jours après le bombardement, un troupeau de moutons était enlevé et le berger tué ; le 26 juillet, un spahi était blessé, près de la ligne du chemin de fer, à Hadjerat M. Guil, par un parti d’Oulad-Djerir. Le 16 juillet une harka de Brâber attaquait un convoi et enlevait des chameaux, qui lui étaient repris le lendemain par les méharistes du capitaine Regnault. Enfin, le 2 septembre, la surprise d’El-Moungar par une bande nombreuse, et la mort du capitaine Vauchez, venaient démontrer cruellement la nécessité de prendre, dans le Sud-Oranais, des mesures énergiques de répression et de défense. Ces derniers incidens se sont passés très loin au sud de Figuig ; mais le public ne distingue guère entre ces noms barbares, et l’inquiétude a reparu. Croire que le bombardement de Figuig préviendrait le retour des attentats des nomades, était une illusion presque aussi forte que d’espérer mettre fin aux exploits des « apaches du Sébasto » en faisant caracoler, dans les rues de