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complète : les explorateurs, passant presque tous par le Bas-Congo et le chemin de fer belge, ont ensuite remonté les grands affluens du fleuve, Sanga, Likouala, Oubangui, pénétrant par les vallées secondaires au cœur de la forêt équatoriale, mais s’inquiétant peu de relier ces réseaux fluviaux par des itinéraires transversaux. Ce ne pouvait être l’œuvre des sociétés, d’organiser des reconnaissances de jonction, car elles avaient assez à faire pour la seule exploitation d’une vallée, de part et d’autre du « chemin qui marche ; » quant au gouvernement, il manquait de ressources pour les besoins courans. Aussi, tandis qu’entre Congo et Oubangui, sur des fonds moins parcimonieusement mesurés, de remarquables découvertes ont marqué les dernières années (missions Huot-Bernard, Loefler, Rousset), la région qui sépare l’Oubangui et la Sanga de la côte gabonaise est-elle encore presque inexplorée : la mission Fourneau-Foudère, d’Ouasso (Sanga) à Libreville, remonte à plus de quatre ans (février-juin 1899) ; M. Lesieur, les PP. Trilles et Tanguy ont étudié le pays pahouin, sur la frontière méridionale du Cameroun, de novembre 1899 à mai 1901 ; plus récemment, la délimitation de l’enclave du Rio-Mouni, reconnue à l’Espagne par la convention du 27 juin 1900, a été l’occasion de travaux géographiques intéressans, et de même, à la suite d’émeutes indigènes qu’il fallut réprimer, nous avons acquis de nouvelles connaissances sur les pays qui avoisinent l’Ogooué et la Sanga ; mais il n’y a rien là d’un inventaire méthodiquement conduit.

Il est heureusement aisé de constater que les dernières écoles n’ont été inutiles ni pour les concessionnaires, ni pour le gouvernement : un classement s’est opéré entre les sociétés congolaises et, sans vouloir citer ici aucun nom, il est avéré que plusieurs, après la période inévitable des dépenses de premier établissement, commencent à entrevoir l’avenir avec confiance. Au lieu de réclamer à grands cris, et à grands frais, la révision intégrale du cahier des charges, les concessionnaires se sont rapprochés, ont formé sous le nom d’Union congolaise française un syndicat qui est représenté à Paris et en Afrique, qui centralise toutes leurs doléances, qui intervient avec autorité auprès des pouvoirs publics, et dont les observations ont contribué au décret du s’juillet 1902, qui réorganisa administrativement le Congo : à cette date, un fonctionnaire spécial a été désigné comme « commissaire du gouvernement auprès des sociétés