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saisissantes. Le Parlement de Dijon donne le signal, et le procureur général, M. Quarré, en envoyant ses remontrances, le 3 janvier 1711, insiste sur le trouble déjà causé dans le public, en Bourgogne.

En Lorraine, une lettre du contrôleur général à M. De Saint-Contest, intendant à Metz, en date du 19 février 1711, montre que « les mouvemens » sont tels dans cette généralité que Sa Majesté est toute prête à des arrangemens. En Bretagne, le Parlement lui-même ne paye pas. « Le premier président et le procureur général, écrit, le 20 février 1711, M. Ferrand, intendant de la province, se sont seuls acquittés. » La résistance va si loin que, en 1712, les huissiers n’osent plus porter les contraintes. En Béarn, la correspondance échangée entre le contrôleur général et l’intendant, M. De Barrillon en 1711, puis en 1712 et 1713 M. De Harlay de Célys, son successeur, montre que les troubles furent poussés non seulement jusqu’au refus de l’impôt, mais jusqu’au a soulèvement, » à Sauveterre notamment. En Languedoc, mêmes désordres (lettre de M. De Basville, du 1er décembre 1711). De même, de toutes parts, plaintes, protestations, refus de payer, séditions populaires : à Lyon et dans les environs (lettres de M. Méliand, intendant à Lyon, en 1711, 1712, 1713) ; — à Tours et environs (lettres de M. De Chauvelin, intendant, en 1711 et 1712) ; — à Soissons et environs (lettres de M. d’Aubonne, intendant, en 1714) ; — dans la généralité de Moulins (lettres de Turgot, en 1711 et 1713) ; — en Picardie (lettres de M. De Bernage, intendant à Amiens) ; — dans la généralité de la Rochelle (lettres de M. De Beauharnais, intendant, en 1712), etc.

Quant au résultat financier, il fut presque nul. Un « Mémoire sur le dixième » non daté, ni signé, rédigé après 1750, évidemment d’origine administrative[1], fournit à cet égard, et aussi sur les édits qui suivirent, les renseignemens les plus intéressans. On y voit, par exemple, que, l’impôt du dixième ne produisant pas les effets attendus, le contrôleur général des finances, « pour se procurer une ressource plus prompte, » fit décider, le 20 décembre 1710, « un emprunt de 3 millions dont on promettait le remboursement au mois d’avril suivant sur les fonds provenant du dixième ; on accordait 10 pour 100 d’intérêt. Cet emprunt ne

  1. Voyez Archives nationales, K. 900.