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commissaires départis faisait une loi précise de ces tentatives inouïes.

« On s’est ouvert par menace ou par adresse les archives des seigneurs.

« On a fait des perquisitions aux bureaux des controlles.

« On n’a pas respecté les dépôts des notaires.

« Une lettre d’un controlleur à un gentilhomme du Poitou renferme les détails des idées arbitraires qui dirigent les préposés, et des vexations réservées aux citoyens qui, par courage… ou par nécessité, se retranchent dans les termes des loix.

« Ces vexations annoncées par cette lettre du dernier des sous-ordres, au nom de votre autorité qui s’étonne sans doute d’un tel organe, ont dévasté toutes les élections.

« Au défaut et même au mépris des déclarations renouvelées des baux représentés, les controlleurs ont estimé les terres sur des vérifications trompeuses, exagérées au gré de l’ignorance, ou de la passion.

« Le controlleur procède à l’estimation des terres de toute une paroisse avec les sindics sans collecteurs, il y procède seul.

« D’autres fois, il appelle à lui des paysans pris au hazard, et leur demande le prix des terres.

« L’estimation d’un seul de ces paysans, plus forte en somme que chacune des autres qui devroient l’emporter par le nombre, est pourtant préférée, et si l’estimation de tous déplaît au controlleur, il n’en tient pas compte et substitue la sienne.

« On estime des valeurs idéales.

« On impose le loyer imaginaire des châteaux habités par les Seigneurs.

« On impose comme revenu le prix des bois de haute futaye, qui paient tous les droits des immeubles.

« On impose les avenues, les potagers qui suffisent à peine aux frais de l’entretien, à la consommation du propriétaire, et dont une loi très sage affranchit pour le propriétaire toutes les productions des droits d’entrée aux barrières des villes.

« Les droits seigneuriaux les plus minutieux, les plus casuels, et dont le recouvrement est le plus épineux, sont taxés dans ces calculs.

« Les non-valeurs et les réparations n’y sont pas détruites.

« Des enfans partagent le bien de leur père et se voyent imposés pour chacun des lots de la même somme que leur père l’était lui-même pour le bien partagé.