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LA
FACHEUSE ÉQUIVOQUE

Les Religions d’autorité et la Religion de l’Esprit, par Auguste Sabatier, Paris, 1901, Fischbacher.

Il est ! Mais nul cri d’homme ou d’auge, nul effroi,
Nul amour, nulle bouche, humble, tendre ou superbe,
Ne peut balbutier distinctement ce verbe.
Il est ! Il est ! Il est ! Il est éperdument !

Il est ! Il est ! Regarde, âme ! Il a son solstice,
La Conscience ; il a son axe, la Justice ;
Il a son équinoxe et c’est l’Egalité ;
Il a sa vaste aurore et c’est la Liberté !
Son rayon dore en nous ce que l’âme imagine,
Il est ! Il est ! Il est ! sans fin, sans origine,
Sans éclipse, sans nuit, sans repos, sans sommeil.
Renonçons, vers de terre, à créer le soleil.

Si je disais que le livre posthume de M. Auguste Sabatier : Les Religions d’autorité et la Religion de l’Esprit, n’est que le commentaire en cinq cent soixante pages de ces vers de Victor Hugo, je me doute que l’on m’accuserait de manquer de respect à la mémoire du « feu doyen de la faculté de théologie protestante de Paris. » Et, en effet, Auguste Sabatier n’est pas Victor Hugo. Je veux dire qu’il y a, dans Les Religions d’autorité et la Religion de l’Esprit, une solidité d’érudition, une connaissance de l’histoire et de la théologie, une vigueur ou plutôt une subtilité de raisonnement, que l’on chercherait en vain dans l’œuvre du poète : Religions et Religion. Mais, après cela, dans le poème du sénateur et dans la longue dissertation du doyen, c’est bien la